Un policier marseillais qui avait tué par balle un jeune de 19 ans dans une épicerie de nuit en 2013 a été renvoyé devant la cour d'assises pour y être jugé pour "meurtre".
Dans un arrêt rendu le 17 février dernier, que l'AFP a pu consulter, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a rejeté la demande de ce gardien de la paix, qui assure avoir tiré accidentellement, de requalifier les faits en homicide involontaire.
Le 14 février 2013 à minuit, le policier, Frédéric Herrour, qui n'était pas en service, avait eu une altercation dans une épicerie de nuit du centre-ville avec Yassin Aibeche, 19 ans, élève sans histoires d'un lycée professionnel. Le fonctionnaire était en état d'ébriété.
L'altercation s'était prolongée dehors et le policier avait tiré sur le jeune homme alors que celui-ci regagnait la voiture d'un ami, l'atteignant d'une balle à la fesse. Il était mort quelques heures plus tard d'un choc hémorragique.
Le policier a assuré lors de l'instruction avoir tiré accidentellement en chutant, à la suite d'un croc en jambe. "Je suis parti en vol plané, j'étais terrorisé, j'ai perdu toute maîtrise sur mon corps, j'ai serré les dents et fermé les yeux", a-t-il expliqué devant le juge.
Mais selon les experts balisticiens, le système de sécurité de l'arme nécessite une forte pression sur la queue de détente pour tirer. Frédéric Herrour affirme avoir sorti son arme "dans le but de faire peur".
L'ami de la victime a décrit, à l'inverse, un homme debout, en position de tir, empoignant son arme à deux mains et visant alors que la victime s'éloignait.
"Les éléments (de l'instruction) sont de nature à écarter l'hypothèse d'un geste accidentel se produisant au moment de la chute", lit-on dans l'arrêt de la chambre de l'instruction.
Les juges ajoutent que "l'usage d'une arme à feu pour menacer ne correspond pas à une situation de légitime défense en ce qu'il est disproportionné en regard de l'attaque invoquée et que Yassin Aibeche lui tournait le dos et se trouvait à plusieurs mètres".
Me Emmanuel Molina, défenseur du policier considère à l'inverse que "les circonstances et la chronologie démontrent que le geste de Frédéric Herrour s'inscrit dans un contexte défensif. Il va comparaître devant la cour d'assises alors que les éléments qui seront soumis aux jurés ne paraissent pas caractériser une quelconque intention homicide".
En détention provisoire depuis le 16 février 2013, le policier est décrit comme "volontaire et consciencieux, ayant la confiance de sa hiérarchie". En avril 2014, un conseil de discipline a prononcé sa mise à la retraite d'office.