Reconfinement : Le système de santé a "appris de la première vague" selon l’ARS normande

Le plan blanc des établissements de santé en Normandie est généralisé alors qu'à Rouen, Caen ou Cherbourg, c'est déjà le cas depuis plusieurs jours. Des déprogrammations d'opérations sont prévues. A l'exception des urgences chirurgicales, de la cancérologie, des greffes et de la cardiologie. 
 

La circulation du virus s'accélère en Normandie comme sur tout le territoire français, alerte l'ARS ce jeudi 29 octobre. Le taux d'incidence dans la région est désormais de 279 et à l'hôpital, la montée en tension est bien là. Les lits de réanimation se remplissent de patients covid alors que d'autres en ont aussi besoin. Ce mardi 27 octobre, selon les données officielles, 38,09% des capacités en réa étaient occupées par des patients Covid, soit 38% des lits disponibles (avec personnel formé et matériel de réanimation), sur l'ensemble des hôpitaux normands.

L’ARS Normandie a donc demandé à tous les établissements de santé de la région d’activer leur " plan blanc" à compter d’aujourd’hui, jeudi 29 octobre 2020.
 

 

Cent points de plus en 2 semaines pour le taux d'incidence

"Comme la plupart des régions, la Normandie connait une augmentation rapide et très significative de la circulation de la Covid-19.  Le taux d’incidence a augmenté de plus de 100 points au cours des deux dernières semaines", précise l'Agence Régionale de Santé Normandie.

On est ainsi passé d'un taux d'incidence à 152,75 le 16 octobre à 279 treize jours plus tard. Toutes les classes d’âge sont touchées, rappelle l'ARS et surtout les plus de 65 ans. "C’est ceux qui font partie des cas graves d’aujourd’hui et l’afflux de patients à l'hôpital de demain", annonce-t-on du côté de l'agence de santé.

49 lits de réanimations en plus

"La tension sur les lits de réanimation et d’hospitalisation conventionnelle, et sur les ressources humaines, s’est accentuée au cours des derniers jours", précise l'ARS. Ce jeudi, on compte 850 hospitalisations pour covid en Normandie dont 110 personnes en réanimation. Et cette occupation des lits va augmenter les prochaines semaines selon l'agence de santé qui détaille le profil des patients en réa actuellement : "Les trois quarts des patients admis ont entre 60 et 80 ans et 17% ont moins de 60 ans".

L'agence prévoit à la mi-novembre "300 lits de réa occupés par des patients infectés par le covid". "On a prévu cette augmentation depuis le mois de septembre. On a donc créé des lits dans les hôpitaux de la région", souligne le directeur général de l'ARS. En septembre, 238 lits de réanimation étaient ouverts en Normandie. Désormais les hôpitaux de la région en compte 287, soit 49 de plus. "On est capable de monter à 200 lits de réa en plus" ajoute-t-on à l'agence.


La déprogrammation : ce que les médecins redoutaient le plus 

Avant le début des vacances de la toussaint, des soignants nous avaient témoigné leurs craintes face à la montée de l'épidémie et les contacts inter-régions qui allaient se multiplier, les visites chez les grands-parents et dans les familles. Tous n'avaient qu'une crainte que l'on soit, comme au Printemps, obligés de déprogrammer des soins. On y est, désormais. L'exemple de la première vague est sans appel : entre juin et septembre, il leur a fallu rattrapper à un rythme difficile le retard. Sans compter que certains patients passés à travers les mailles du filet ont vécu des avancées de maladie dramatiques.
  

Pour permettre aux établissements de santé d’accroître leur réactivité pour mobiliser leurs ressources, l’ARS Normandie a demandé ce matin aux directeurs des établissements de santé publics et privés du territoire de déclencher leur Plan blanc. Inscrit dans la loi depuis 2004, le Plan blanc est un plan spécifique d'urgence sanitaire et de crise qui permet à chaque établissement de santé de mobiliser immédiatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas d'afflux de patients ou de victimes ou pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle

ARS Normandie
Communiqué de presse


"Il va falloir monter en capacité d'accueil en réanimation car on va avoir une forte montée des admissions de patients covid. Cette forte montée va devoir s’accompagner de déprogrammation d’opérations non urgentes", annonce l'ARS ce jeudi. Mais l'agence se veut rassurante : "Il ne s’agit pas de déprogrammer de manière sèche mais de trier entre la chirurgie qui peut être reportée et celle qui ne peut pas l’être et ça, chaque établissement est capable de circonscrire une partie de son activité en remettant à plus tard."

D'ailleurs la déprogrammation a commencé. "La semaine dernière on a demandé que 30% des opérations non urgentes soient déprogrammées pour pouvoir monter en nombre de lits de réanimations supplémentaire. C'est un processus qui n’est pas simple car on a beaucoup d’interventions très légitimes et importantes. C’est beaucoup de discussion interne", souligne le directeur de l'agence de santé.

La continuité des soins non covid

Cependant, Emmanuel Macron l'a rappelé dans son intervention devant les Français mercredi soir : la première vague nous a appris des choses et ne traiter que les cas Covid, c'est inenvisageable, pour le moment. 

Aussi, l'ARS le précise bien dans ses priorités :

Dans ce contexte de reprise épidémique et de mobilisation des ressources pour la filière COVID, l’ARS, avec les établissements de santé, veille à ce que soit garantie la prise en charge des patients des filières médicales et chirurgicales prioritaires, notamment les urgences chirurgicales, la cancérologie, les greffes ou la cardiologie.

ARS Normandie, communiqué de presse


Un appel aux renforts et une formation de ces renforts sont aussi au programme de ce plan blanc. Par ailleurs, 45 étudiants infirmiers de Caen et de Rouen, en fin de cursus de la spécialisation "anesthésiste" sont mobilisables dès à présent pour appuyer les équipes existantes, annonce l'ARS.

Il faut pouvoir accueillir tous les patients covid tout en maintenant les soins des patients qui ne sont pas covid. Le système de santé se prépare et est structuré pour ça donc les gens ne doivent pas renoncer aux soins.

ARS

Le directeur de l'ARS a insisté sur l'importance de la mobilisation des médecin de villes et de l'information donnée aux patients. "Le principal sujet c’est que la ville fonctionne bien dans la gestion des patients atteints du covid pour qu’ils se soignent, s’isolent et pour repérer les signe d’aggravation de l’état de santé", indique l'ARS. Afin d'éviter "un afflux dans les hôpitaux". Le système de santé a "appris de la première vague" selon l'agence.


 
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