Où l'on revient sur le parcours de Michel Neyret

Cet après-midi, la cour s'est penchée sur le Michel Neyret des premiers temps, le policier des débuts. Plusieurs grands flics sont venus témoigner à la barre. 

"Dans la police, il n'est le fils de personne": des grands flics et un magistrat ont témoigné mercredi de la singularité de Michel Neyret, à la fois policier surdoué et électron libre, laissé trop longtemps à un même poste sans vrai contrôle hiérarchique.
Au septième jour du procès de l'ex-numéro deux de la PJ de Lyon, jugé pour "corruption" au côté de six autres prévenus, le tribunal correctionnel de Paris a entendu trois anciens "patrons" de la police et un magistrat cités par la défense.

Les quatre hommes ont bien connu Michel Neyret à des périodes différentes de sa carrière et tous ont dressé de lui un portrait élogieux. Blotti sur son siège, visiblement ému, l'ex-commissaire les a écoutés comme on voit défiler sa vie, en fermant souvent les yeux ou en enfouissant son visage entre ses mains. "C'est de très loin le meilleur commissaire que j'aie connu durant toute ma carrière", a témoigné Michel Richardot, 74 ans, ancien directeur régional du SRPJ de Lyon qui avait croisé le jeune commissaire à ses débuts à Versailles et l'avait fait venir auprès de lui dans la capitale des Gaules.

"Un personnage de très haut niveau aux résultats impressionnants qui avait la confiance de tous, notamment de l'autorité administrative et judiciaire", a abondé Gérard Girel, 70 ans, ancien directeur central de la police judiciaire qui dirigeait le SRPJ de Lyon lorsque Neyret était, sous ses ordres, à la tête de la BRI.

Mêmes lauriers déposés sur la tête de l'ancien flic par Pierre Richard, 85 ans, ex-sous-directeur central de la PJ. Mais le soutien le plus fort lui a été apporté par un magistrat, dans une salle d'audience soudain silencieuse.
"Je m'en serais voulu de pas porter la mémoire de l'homme brillant et estimable que j'ai connu", a déclaré Christian Cadiot, 64 ans, conseiller à la Cour de cassation qui fut l'interlocuteur de Neyret comme substitut à Lyon. "Il avait l'engagement du service public, c'était quelqu'un de fiable et il était brillant aux assises lorsqu'il présentait ses enquêtes avec un démonstration d'évidence", a-t-il résumé.


 De l'engagement à la dérive.

Tous disent ne pas reconnaître l'homme.
Chacun des trois policiers a tenté d'expliquer avec ses mots les raisons qui ont pu conduire leur ancien collègue à franchir la ligne jaune. "Neyret, dans la police, il n'est le fils de personne. Il n'était pas franc-maçon ou membre d'un syndicat de commissaires", a souligné Michel Richardot en évoquant un homme à part que la police n'a pas su récompenser à la hauteur de ses résultats. "Commissaire principal en 9 ans, il a dû attendre 27 ans pour passer divisionnaire contre 15 ans en moyenne", a-t-il souligné.

Autre problème évoqué, l'isolement de ce super-flic dont les résultats impressionnaient mais qui n'était contrôlé par personne. "Neyret s'est retrouvé avec un chef qui n'était pas au niveau de son adjoint. Alors il est resté le seul qui maîtrisait les affaires", a expliqué M. Richardot. Mais pour tous, l'affaire Neyret n'aurait sans doute jamais eu lieu si le commissaire n'avait pas passé 21 ans à la BRI de Lyon avant d'être nommé numéro 2 de la PJ dans cette ville après un court passage à Nice. "C'est pire qu'une erreur, c'est une faute professionnelle", lance Pierre Richard pour qui la direction centrale de la PJ ne peut pas s'exonérer de sa responsabilité.

Le résumé de l'audience par Paul Satis et Mathieu Boudet :

©France 3 Rhône-Alpes

 

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