Un exercice de sécurité, le premier sur un site Seveso depuis l'attentat de St Quentin Fallavier, s'est déroulé ce matin sur le site de la raffinerie de Feyzin. Les autorités ont voulu vérifier que les consignes d'un contrôle renforcé étaient bien respectées et tout à fait opérationnelles.
La date et la teneur de l'exercice avaient été tenues secrètes jusqu'à ce matin pour coller au mieux aux réalités du terrain. Et le personnel de la raffinerie de Feyzin, pourtant habitué à de nombreuses simulations d'accidents tout au long de l'année, a dû affronter ce matin une menace nouvelle : L'intrusion d'un motard porteur d'armes lourdes et d'explosifs sur le site classé Seveso. C'était d'ailleurs le premier exercice du genre dans la zone de défense sud-est depuis l'attentat de St Quentin Fallavier du 26 juin 2014 et des explosions criminelles du 14 juillet 2014.
Le site a donc été interdit aux visiteurs tout au long de la matinée, le temps pour la vingtaine de policiers et démineurs mobilisés de localiser le danger et de neutraliser le terroriste présumé. Gérard Gavory, préfet délégué à la sécurité et à la défense, supervisait l'exercice au cours duquel une partie du personnel a été confinée dans les bureaux et l'autre partie évacuée. Objectif : Vérifier que les procédures d'un contrôle renforcé sur le périmètre de la raffinerie sont bien appliquées et détecter les failles éventuelles du dispositif .
"Il y a 40 sites classés Seveso rien que sur le Rhône et 158 sur toute la zone de défense sud-Est, rappelle Gérard Gavory. Les mesures de sûreté méritaient d'être revues". Au delà de la réglementation des installations classées Seveso, les dernières attaques justifient des précautions nouvelles liées à ce risque spécifique.
D'autant que la menace a pris des formes jusque-là inédites. Ainsi l'attentat perpétré contre l'usine Air Products à St Quentin Fallavier l'a -t-il été en détournant les habilitations d'une entreprise sous-traitante qui pouvait donc accéder sans autorisation au site sensible. Sans en dire trop, le préfet délégué à la sécurité a confirmé que les employeurs étaient aujourd'hui sensibilisés à ce risque précis. Des mesures de "criblage" leur font désormais obligation de renforcer leurs propres contrôles au sein de leur personnel, notamment intérimaire. Une enquête préalable est conduite avant de laisser les employés d'une entreprise externe accéder aux sites Seveso.
Les autorités sont par ailleurs soumises à un dilemme : Garantir aux citoyens un accès légitime aux dispositions prévues par les plans d'intervention en cas d'accident chimique tout en évitant de fournir des informations sensibles aux terroristes en puissance. Sans y prendre garde, la démocratie pourrait ainsi se retrouver piégée par sa propre exigence de transparence.