La snowboardeuse Océane Pozzo pourrait poursuivre la SNCF aux prud'hommes

On l'avait vu sous d'autres drapeaux, des drapeaux tricolores et des cris d'encouragement. Cette fois, Océane Pozzo parle sous l'étendard de la CGT. Ce mercredi 27 août, la snowboardeuse a tenu une conférence de presse, à Chambéry, pour dénoncer son licenciement pour faute par la SNCF. 

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Les sportifs de haut niveau sont souvent chouchoutés par les grandes entreprises, l'armée, les douanes. Ils ont pour eux la jeunesse, le dynamisme et la "gagne", de quoi donner un sacré coup de fouet à l'image de leurs sponsors. A la SNCF, on mise sur des athlètes depuis 1982 en leur promettant une reconversion après leur carrière et en offrant des contrats à horaires aménagés pour faciliter les entraînements. Ce dispositif cheminot a permis à Ophélie David (skicross), Sophie Rodriguez (snowboard half-pipe), Sylvain Dufour (snowboard alpin), Paul-Henri De Le Rue (snowboardcross) de briller à Sotchi. Seulement, quand les résultats ne sont plus là, les sportifs sont rappelés au guichet, voire... licenciés. C'est un peu la morale de l'histoire qui arrive à Océane Pozzo.

Une sale blessure

En 2010, la Savoyarde a signé un contrat d'insertion professionnelle avec la SNCF. Il faut dire qu'Océane avait le vent en poupe, elle venait de décrocher le titre de championne du monde juniors. Elle a vite pu jumeler carrière sportive et professionnelle grâce à des facilités de planning. Au printemps et en été, on pouvait la croiser en gare d'Annecy où elle vendait des billets. Tout allait pour le mieux quand une sale blessure au genou est venue compromettre sa saison. Les rapports se sont alors envenimés une première fois. En 2013, Océane retrouve un bon niveau: vice-championne d'Europe. Problème, les saisons passent et Océane ne décroche pas son billet pour Sotchi. Pour autant, elle n'entend pas arrêter sa carrière sportive. La SNCF exige pourtant d'elle qu'elle reprenne le chemin de la gare en mars, ce qu'elle ne fera pas. De fait, son licenciement lui est signifié le 1er août. "Elle n'a jamais répondu à nos courriers. Il y a des règles qu'il faut respecter", justifie l'entreprise ferroviaire.  

Reportage Raphaëlle Besançon et Frédéric Pasquette
Intervenants : Océane Pozzo, snowboardeuse; Bernard Tournier, secrétaire général CGT

Si j'avais été championne olympique, cela aurait été différent"


"Concrètement, je ne sais pas ce qui a déclenché le problème. Compte-tenu de mes blessures et de mon absence du groupe de l'Équipe de France de ski, mon image n'était plus en adéquation avec celle que souhaite véhiculer la SNCF. Si j'avais été championne olympique, cela aurait été différent", a estimé la jeune femme au cours d'une conférence de presse, ce mercredi, à Chambéry.

La CGT la soutient dans sa lutte contre un licenciement jugé "abusif" alors que la championne est aujourd'hui enceinte de quatre mois. Pour le syndicat, qui pointe l'attitude "inacceptable" de l'entreprise, "notamment au regard de sa grossesse déclarée", Océane Pozzo a été "enjointe sans raison" à rejoindre son lieu de travail à temps plein alors qu'elle se trouvait toujours au coeur de sa saison sportive. "Océane avait pourtant fourni son planning sportif. La convention signée n'a pas été respectées par la SNCF. Nous allons en apporter les preuves", a prévenu Bernard Tournier, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots du secteur de Chambéry.

J'espère simplement pouvoir manger"


La championne, qui souhaite demander réparation, réfléchit à des poursuites judiciaires. Pour l'heure, elle a décidé de mettre sa carrière entre parenthèses. "Pour le moment, j'ai du mal à me projeter sur l'avenir. J'espère simplement pouvoir manger, payer mon loyer, et m'occuper de mon futur enfant", dit-elle.

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