Une semaine après le chassé-croisé périlleux qui a laissé 15.000 personnes sur les routes de Savoie, poussant ces vacanciers à se réfugier dans des salles des fêtes ou chez l'habitant, les maires n'en finissent pas de commenter une gestion "calamiteuse". Quatre d'entre eux témoignent.
Presque une semaine après l'accueil des naufragés de la route, Christian Rochette parle encore d'une "expérience étonnante".Je suis scandalisé de la façon dont on nous traite!"
"A 18 heures", explique le maire de Saint-Rémy-de-Maurienne, "une bonne trentaine d'automobilistes ont demandé aux commerces où était le centre d'hébergement annoncé sur toutes les radios et par les gendarmes... alors que moi, je n'étais pas informé!". L'élu poursuit: "J'appelle plusieurs fois le Sous-Préfet qui est sur répondeur. La Préfecture avait choisi la Salle Belledonne comme lieu d'accueil sans me prévenir, sans savoir si c'était libre et alors que rien n'était déneigé. J'appelle la gendarmerie qui confirme et je vais à la salle où me rejoignent plus de 190 personnes. Problème, rien n'est prévu pour les accueillir: pas un lit, rien à manger! Avec deux adjoints, on canalise. Je préviens alors la gendarmerie qu'on est complet. Rien n'y fait, il arrive toujours des gens envoyés... par la gendarmerie! J'ai organisé tant bien que mal, avec mes adjoints et des bénévoles, l'accueil. Des habitants ont aussi mis leur maison à disposition.
Je suis scandalisé de la façon dont on nous traite!"
Le maire d'Argentine, Jean-Jacques Mellier, est tout aussi remonté après cet épisode. Il a bien reçu un message d'alerte mais il ne savait pas si sa commune était mobilisée. "Nous avons appelé la Préfecture où, -après une attente interminable-, on a découvert qu'Argentine était concerné, nous avons alors validé la capacité d'accueil à 200 personnes, on nous a dit d'attendre. Depuis cet instant, plus de contact, hormis la messagerie automatique qui, à 1h30, nous donnait l'obligation de donner un petit déjeuner à des personnes que nous attendons toujours. De qui se moque-t-on?", conclut l'élu.De qui se moque-t-on?"
Les communes, débrouillez-vous!"
Dominique Lazzaro, maire de Saint-Etienne-de-Cuines, explique qu'il a appelé de lui-même la gendarmerie, vers 18 heures, pour savoir s'il devait ouvrir une salle. On lui a répondu: "oui, avec plaisir, ce serait sympa!"
"Je me suis alors mis en relation avec le centre de gestion pour savoir qui faisait quoi pour la nourriture, les boissons, les lits, les couvertures et la seule réponse que j'ai eue: les communes, débrouillez-vous! C'est inadmissible! Ce sont pas moins de 400 personnes que nous avons accueillies tant bien que mal dans notre salle jusqu'au dimanche matin, avec les moyens du bords et aux frais de la commune."
Selon Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-des-Villards, "l'information n'a pas eu plus de facilité à rejoindre les sommets". "Nous ne savions pas que la circulation était bloquée en fond de vallée et que des centres d'hébergement étaient mis en place", explique le premier magistrat, "il a fallu avoir les informations par la presse télé, surtout pour la mise en service du numéro vert. C'est seulement à partir de ce moment-là que nous avons pu relayer l'information auprès des hébergeurs qui attendaient désespérément les locataires de la semaine. C'est également par la presse télé et l'annonce météo à la vigilance orange 'neige et verglas' de samedi soir que nous avons pu recommander (par téléphone et par texto) de ne plus circuler. Mais plusieurs automobilistes étaient déjà bloqués ou avaient quitté la route dans la Vallée des Villards, pour se retrouver dans des ravins après plusieurs tonneaux."L'information n'a pas eu plus de facilité à rejoindre les sommets"