Après trois années de doutes et de blessures, Jean-Baptiste Grange a réussi un sensationnel retour au premier plan en devenant, dimanche 15 février, champion du monde de slalom: "Je ne m'en croyais plus capable", a avoué le Savoyard de 30 ans.
"Je visais juste une place dans le top 10", a rappelé "JiBé", étourdi par sa victoire, qui n'avait plus remporté de course depuis son premier titre mondial en 2011.
QUESTION: Que ressentez-vous après ce titre après quatre années difficiles?
REPONSE: "Je suis fier de moi, peut-être encore plus qu'après mon titre de 2011. Parce que derrière, il y a eu énormément d'efforts et de sacrifices, je n'en reviens pas. Cette médaille a un goût particulier. Je n'avais pas fait jusque-là une saison sensas. Je n'étais pas où je voulais être".
Q: Il y a seulement trois semaines, ce titre était inenvisageable...
R: "Après Kitz et Schladming, cela a été dur, je n'étais pas bien, je me souviens avoir eu ma mère au téléphone pour lui dire +Là, cela commence à me gonfler+. C'est normal de réagir comme cela tout de suite après la course: tu as envie de tout jeter et de dire +Je ne m'emmerde plus avec cela+. Je me suis reposé, je suis allé me ressourcer dans le Sud et on est venu ici".
Q: Vous n'avez pas été épargné par les blessures (genou, épaule gauche, dos, genou à nouveau), avez vous songé un moment à raccrocher?
R: "Ce qui était lourd, c'était l'enchaînement des blessures. Après ma deuxième blessure au genou, j'étais au fond du trou. La période où j'ai eu mal au dos n'était pas évidente non plus, j'avais mal tout le temps, mais tu t'accroches parce que le ski c'est ta passion. Il y a aussi la passion de la compétition. Cela t'aide à avancer mais cela t'autodétruit aussi, parce que tu n'arrives pas à faire ce que tu veux. Je skiais bien, mais en course je n'y arrivais plus, je commençais à me dire que je n'étais plus capable d'aller chercher une médaille. Cela ne se fait pas en claquant simplement des doigts".
Q: Pouvez-vous revenir sur le déroulement de ces deux manches?
R: "Je ne sais même pas comment analyser cette journée, je sais juste que cela a été une très longue journée. C'était mon jour, il y a toujours un gars qui sort du lot dans un Championnat du monde et là c'est moi. Dans la deuxième manche, je n'étais pas forcément bien, j'étais en retard dans mon timing. Je me demandais si j'étais assez dedans. Ces derniers temps, j'avais trop envie d'y aller et c'est là que je me trompais. Aujourd'hui, je crois que j'ai trouvé l'équilibre, c'est tellement fin".
Q: Puis l'attente a commencé..
R: "Quand j'ai vu que le quatrième et le troisième (de la première manche) étaient derrière moi, que j'étais médaillé, il y a eu une explosion, c'était très intense, j'avais les larmes aux yeux. Puis, quand Marcel Hirscher (en tête après la première manche) est sorti, c'est devenu surréaliste alors que je pensais juste être capable de faire dans les dix".
Q: Ce titre est-il un nouveau déclic dans votre carrière?
R: "Je n'ai pas envie de penser à cela, j'ai envie d'en profiter"...