Deux amendements au projet de loi santé de Marisol Touraine, interdisant le recours aux mannequins dénutris et l'apologie de l'anorexie, vont être déposés ce lundi à l'Assemblée nationale par le député PS de l'Isère Olivier Véran.
"Il est intolérable que l'on puisse faire l'apologie de la dénutrion et que l'on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé", a indiqué à l'AFP Olivier Véran, confirmant une information du Dauphiné Libéré.
Le premier amendement vise à interdire aux agences de mannequinat le recours à des mannequins lorsqu'ils sont diagnostiqués en état de dénutrition. Cet état "d'extrême maigreur", qui s'échelonne sur "trois niveaux de gravité" selon le député, s'évalue sur l'Indice de Masse Corporelle (IMC) du sujet, calculé "en divisant le poids par la taille élevée au carré".
Olivier Véran, rapporteur du volet promotion et prévention de la loi Santé et également neurologue au CHU de Grenoble, propose de modifier le code du travail afin de contraindre les agences à attester pour chaque mannequin d'un certificat médical prouvant que son IMC est supérieur à une valeur donnée.
Tout contrevenant s'exposerait à une peine de six mois d'emprisonnement et à 75.000 euros d'amende. "Cette valeur n'est pas encore déterminée. Elle devra faire l'objet de débats. Je propose que la Haute autorité de santé se prononce à son sujet", a-t-il précisé.
Certains pays comme Israël, l'Espagne, l'Italie, le Chili ou la Belgique, ont déjà réagi face à ce phénomène en prenant des dispositions lesgislatives ou réglementaires.
"En France, on considère que l'on est maigre en dessous de 18,5. L'OMS retient un indice en dessous de 18 pour commencer à parler de dénutrition. En dessous de 17, c'est une dénutrition sévère. En dessous de 16, c'est considéré comme un état de famine", a expliqué M. Véran.
Le deuxième amendement, qui sera déposé conjointement avec la délégation aux droits des femmes, créerait notamment un "délit de valorisation de maigreur excessive" et viserait à interdire les sites internet qui font "l'apologie de l'anorexie".
"Ces sites expliquent aux jeunes filles de 12-13 ans qu'il faut avoir un écart de 15 centimètres entre les jambes pour être belle", a précisé le député.
M. Véran estime qu'en France, "entre 30 et 40.000 personnes" souffrent d'anorexie mentale. "Ce sont des adolescents dans 90% des cas. L'impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort", a déploré le député.
En avril 2008, un groupe de travail pour élaborer un projet de charte sur l'image du corps avait débouché sur sa signature par la ministre de la Santé de l'époque, Roselyne Bachelot.
"Elle ne contenait pas d'engagements très précis et indiquait simplement que des travaux allaient être engagés pour parvenir à un encadrement déontologique", a conclu Olivier Véran.