80.000 tracts et 3.500 posters, c'est l'ampleur de la nouvelle campagne des Républicains de Grenoble contre les élus et anciens élus. Ils ont également misé sur un visuel plutôt controversé, qui a aussitôt fait réagir ses cibles.
"Ils ont ruiné Grenoble", déclare le tract sans ambages. Pour la rentrée, les Républicains de Grenoble ont lancé une nouvelle campagne qui n'est pas du goût de tout le monde. L'affiche du parti d'opposition montre 25 portraits d'élus de gauche, de l'ancien maire PS Michel Destot jusqu'à Eric Piolle en passant par la députée Geneviève Fioraso ou bien Stéphane Gemmani.
Le tract, diffusé à 80.000 exemplaires, n'a pas manqué de faire réagir les principaux intéressés. Un communiqué de la municipalité a vivement réagi à cette campagne, qui "fait implicitement référence à la formule 'mort ou vif' en "reprenant les codes du western."
"Là il y a quand même une ligne rouge qui est franchie, explique Laurence Comparat, co-présidente du groupe de la majorité municipale. On pointe du doigt des personnes, on attaque des personnes, c'est complètement inacceptable, C'est une forme de 'trumpisation' du débat public que nous ne pouvons pas accepter. Nous demandons à la droite iséroise de se ressaisir."
Dans un autre communiqué, Paul Bron, élu municipal de Go Citoyenneté, juge "indigne et bassement populiste" cette campagne, qui "incite à la haine, à la vengeance et à la violence et désigne 25 élus grenoblois comme cibles."
Reportage de Céline Aubert-Egret et Jordan Guéant.
Choquant ? Pas selon l'instigateur de la campagne, l'ancien ministre et ex-maire de Grenoble Alain Carignon. "Ce qui est choquant, c'est que les Grenoblois paient les impôts les plus élevés de France, les dépenses de fonctionnement les plus élevées de France et la dette par habitant les plus élévée de France ! Et qu'ils aient des services de proximité dans les quartiers en difficulté qui sont supprimés ! C'est ça qui est choquant, et c'est ce résultat d'une politique commune entre les socialistes et les Verts qui est très, très choquante et qui mérite d'être expliquée."
Pourtant, la démarche ne fait pas l'unanimité. Chef de file des Républicains au conseil municipal, Matthieu Chamussy a préféré ne pas y être associé. "Chacun fait la politique comme il veut, ou comme il peut, mais ce n'est pas ma manière de faire les choses. Je crois qu'il faut élever le débat et éviter autant que faire se peut les attaques de personnes"
Sur le site internet de la fédération iséroise des Républicains, un billet publié ce samedi 27 août et intitulé LR à L’OFFENSIVE: WANTED , "ILS ONT RUINÉ GRENOBLE" donne à cette campagne la mission "d’expliquer aux Grenoblois pourquoi leur ville est dans cette situation", mentionnant la "médaille d'or des excès fiscaux" décernée en octobre 2014 à la ville par le Figaro-Magazine.
"Après 21 ans de gestion de gauche", ajoutent-ils dans ce billet, la ville est dans une impasse financière sans précédent. La municipalité Piolle a aggravé la tendance si fortement que le Préfet et le directeur des services fiscaux l’ont menacé en mai dernier d’une mise sous tutelle." Ainsi, "il s'agit que ceux-ci soient bien identifiés par les Grenoblois afin que tous ceux qui ont à subir (sic) la dégradation de la ville, la suppression ou la réduction de services, l'augmentation folle de toutes les taxes et redevances sachent à qui ils le doivent".
L'ancien ministre et ex-maire de Grenoble Alain Carignon est abondamment cité dans ce billet, qu'il a également relayé sur Twitter.
LR à L’OFFENSIVE: WANTED , « ILS ONT RUINÉ GRENOBLE « https://t.co/5CQObM6uuF
— Les Républicains 38 (@Republicains38) 27 août 2016