À partir de ce jeudi 8 décembre, les assises de Savoie jugeront un enseignant accusé d’avoir violé et agressé sexuellement une trentaine de fillettes, entre 2011 et 2013. Le prévenu de 51 ans est incarcéré depuis avril 2013.
Le procès d’un enseignant accusé d’avoir violé et agressé sexuellement une trentaine de fillettes, entre 2011 et 2013, doit s’ouvrir ce jeudi 8 décembre devant les assises de Savoie. Agé de 51 ans, Éric Molcrette doit comparaître pour les viols et agressions de 19 de ses élèves de grande maternelle et CP, âgées de 5 et 6 ans, à l'école de Planaise (Savoie). Il répond aussi d'attouchements sur 11 enfants de 8 à 12 ans lors d'un camp de vacances équestre en Charentes Maritimes à l'été 2012.
Les parents des victimes attendent ce procès avec "colère" et aussi une certaine "angoisse", selon Me Daniel Cataldi, l'un des avocats des parties civiles. Ils ont en mémoire le suicide en prison, en avril dernier, de l'ex-directeur de l'école de Villefontaine (Isère), mis en cause en 2015 pour des faits similaires. Son geste avait privé les familles d'un procès. "On peut toujours redouter un geste suicidaire", souligne Me Cataldi.
Éric Molcrette s'était ouvert les veines une semaine après son incarcération, en avril 2013, mais aujourd'hui "il sait qu'il se doit de faire face aux parents", a assuré Me Olivier Connille, l’un de ses avocats.
"Bombe à retardement"
Dans ce procès qui devrait se tenir à huis clos, Eric Molcrette, "rongé de culpabilité" selon Me Connille, présentera ses excuses "même si elles ne seront pas entendues".
Pour sa défense, il s'agira d'essayer "d'expliquer ce passage à l'acte", à presque 50 ans, d'un homme qui s'est fait "manger par internet", à un moment de creux professionnel et après une rupture amoureuse extra-conjugale qui aurait ranimé des blessures de sa propre enfance. L'accusé dit avoir subi trois agressions sexuelles, notamment par un oncle.
Chez les parents, beaucoup souhaitent le moins de publicité possible pour préserver des enfants dont certaines n'ont pas conscience d'avoir été violées. Mais comment faire, à l'avenir, face à cette "bombe à retardement" ?, interroge Me Castaldi.
"Jeu du goût"
L’affaire éclate le 10 avril 2013 à Planaise, un village savoyard de 500 habitants, quand des parents portent plainte à la gendarmerie. Leur fille de 5 ans leur a raconté, la veille, avoir participé à un cours de soutien avec une autre élève de 6 ans.
Un "jeu du goût" avait eu lieu durant lequel, les yeux bandés, elles devaient reconnaître des goûts en léchant un produit. La fillette avait regardé sous son masque et vu le maître tremper son "zizi" dans du sirop et le mettre dans la bouche de sa camarade.
Éric Molcrette est interpellé le 11 avril, incarcéré le 12. L'exploitation de son ordinateur et de ses clés USB mettent au jour des dizaines de milliers d'images pédo-pornographiques, privilégiant les petites filles.