L'adolescent de 15 ans, mis en examen jeudi soir pour l'assassinat de sa soeur de 11 ans et la tentative d'assassinat de son frère de 8 ans à Moernach a été écroué dans la nuit. Le juge des libertés et de la détention devant lequel il a comparu dans la nuit a décidé son placement en détention provisoire.
Reportage Géraldine Dreyer, Raphaël Doumergue, Yves Ledig et Xavier Châtel - Interviews de : Dominique Alzeari
procureur de la République de Mulhouse - Maître Véronique Schott, avocate du meurtrier présumé - Maître Thierry Moser, avocat de l'association Enfance Majuscule
Cet adolescent de 15 ans, qui avait dans un premier temps attribué le meurtre à un rôdeur, est passé aux aveux lors de sa garde à vue, reconnaissant "son implication directe" a confirmé le procureur de Mulhouse, Dominique Alzeari.
"Nous venons d'ouvrir une information le visant, des chefs d'assassinat et tentative d'assassinat sur mineurs de quinze ans, et requérons le placement en détention de ce jeune garçon", a déclaré le procureur lors d'un point de presse.
Le jeune homme a été déféré devant un juge d'instruction en fin d'après-midi. "Il semble qu'il y a préméditation, parce qu'il explique qu'il a décidé de le faire", a estimé le procureur.
Le corps sans vie de la fillette de 11 ans et celui de son frère de 8 ans, grièvement blessé à l'arme blanche, avaient été retrouvés mardi soir alors que les trois enfants étaient seuls à leur domicile. Le frère aîné était sorti en état de choc de la maison pour donner l'alerte et s'était réfugié chez un voisin, par ailleurs proche de la famille, qui résidait en contrebas du lotissement de ce village de 600 habitants du sud de l'Alsace.
Les enquêteurs avaient d'emblée relevé des incohérences dans l'hypothèse du rôdeur, le jeune homme ayant livré des déclarations "laconiques" et "tout à fait confuses" de l'avis du procureur de Mulhouse, Dominique Alzeari. L'adolescent a même conduit les enquêteurs à "douter par moments de sa santé mentale", avait précisé le procureur.
L'arme du crime, une arme tranchante, avait été retrouvée dans la maison, sur laquelle aucune trace d'effraction n'avait été constatée. Présenté dès le départ comme un témoin clé, le jeune homme est décrit par des voisins comme un adolescent normal, plutôt réservé et passant beaucoup de temps devant son ordinateur à jouer à des jeux vidéo.
Le procureur de Mulhouse a estimé que le passage à l'acte du jeune homme s'expliquait plutôt par "un mal-être", davantage qu'à une éventuelle addiction aux jeux vidéo. Dans les heures qui ont suivi le drame, les enquêteurs ont patiemment tenté d'assembler les pièces du puzzle de la scène de crime, qualifiée d'"impressionnante" et "très complexe" par le procureur.
D'importants moyens ont été mis en oeuvre pour s'assurer "qu'il n'y a pas eu ni d'agression ni d'intervention extérieure", avait expliqué mercredi le parquet.
Le pronostic vital du garçon de 8 ans, "très gravement blessé" et hospitalisé à Strasbourg, était "toujours en jeu" mercredi soir, tandis que l'autopsie de la fillette retrouvée morte devait avoir lieu jeudi. Les parents, qui s'étaient absentés pour un cours de yoga, n'étaient arrivés sur les lieux qu'après les secours. Très choquée, la mère avait dû être hospitalisée mardi soir.
Les faits se sont déroulés dans une zone pavillonnaire de Moernach, village situé près d'Altkirch, à une quarantaine de km au sud de Mulhouse, près
de la frontière suisse, où la famille s'est installée il y a quelques années. La fillette avait effectué le matin même sa rentrée en sixième au collège du secteur et son petit frère est scolarisé à l'école du village.
Arnaud Rapp a suivi le point-presse du procureur de la République de Mulhouse jeudi (extrait du journal de 19 h)
Les explications d'Arnaud Rapp
Un jeune homme addict aux jeux vidéos ?
L'avis d'une spécialiste : Florence Pileyre-Berthet, médecin addictologue du CAP à Mulhouse