Dialogue avec la communauté musulmane et la sécurité des lieux de culte : après l'émotion suscitée par les attentats de janvier, Bernard Cazeneuve a présenté des pistes cet après-midi à Bordeaux. Le ministre de l'Intérieur sera notamment à la grande Mosquée de Bordeaux.
Le gouvernement veut améliorer le dialogue avec l'Islam de France, qui souffre d'un problème récurrent de représentativité.
Il veut aussi explorer d'autres pistes : la connaissance de l'Islam et les thématiques liées à la formation. Les mesures concrètes ont été détaillées à l'issue du Conseil des ministres ce mercredi.
Bernard Cazeneuve s'est rendu à Bordeaux où il a rencontré des responsables de la communauté musulmane et a visité trois mosquées.
Dans un contexte rendu plus complexe par les attentats de janvier, qui a vu une hausse des actes islamophobes, les musulmans redoutent une stigmatisation associant Islam et terrorisme.
La communauté musulmane compte entre 4 et 5 millions de personnes, mais son instance chargée de la représenter auprès des autorités, le CFCM, le Conseil français du culte musulman, créé en 2003, est régulièrement accusé de faillir à cette mission.
Renforcer la représentativité du CFCM
Le président François Hollande avait ainsi estimé début février que le CFCM n'avait "pas la capacité suffisante de faire prévaloir un certain nombre de règles, de principes, partout sur le territoire".
"J'ai demandé au gouvernement de travailler pour renforcer la représentativité de cette organisation, et surtout de travailler avec lui pour régler des questions bien précises", avait ajouté le chef de l'État, citant notamment "la formation des imams".
Mais les critiques viennent aussi de l'intérieur, l'ancien président du CFCM Mohammed Moussaoui ayant qualifié l'instance d'"échec", dans une tribune à Libération du 9 février.
La question des cadres religieux est sensible, notamment en prison où il s'agit de mieux prévenir le basculement jihadiste, ce que quelque 180 aumôniers pénitentiaires musulmans - un chiffre largement insuffisant aux yeux de nombreux experts - ne peuvent faire seuls.
Bernard Cazeneuve et Tareq Oubrou
En outre, nombre des 2.300 mosquées et salles de prières du pays n'ont pas d'imam permanent, laissant prospérer des prédicateurs itinérants voire autoproclamés.
Le corps des imams n'a pas de représentation, sinon une Association des imams de France cofondée par le recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou et une Conférence des imams de France présidée par l'imam controversé de Drancy Hassen Chalghoumi.
Tareq Oubrou est l'un des imams rencontrés par Bernard Cazeneuve lors de son déplacement à Bordeaux. Il était notre invité ce midi :