Après la puberté et la maternité, la ménopause est la troisième grande étape dans la vie d'une femme. Longtemps tabou, cette période de transformation hormonale est maintenant vécue comme un nouveau départ. Le Professeur Claudine Mathieu chirurgien gynécologique est l'invitée du 12/13.
90% des femmes atteignent la ménopause entre 45 et 55 ans.
Ce sont les trois premières années qui sont reconnues être les plus difficiles à vivre. Les désagréments (bouffées de chaleur, troubles du sommeil, sécheresse vaginale...) peuvent encore perdurer cinq ans, mais généralement sous une forme atténuée.
De nombreux traitements existent mais les prises d'hormones sont controversées. Elles sont susceptibles de provoquer des cancers du sein et des ovaires.
Les méthodes naturelles, homéopathie, pollens, relaxation, acupuncture, plantes... sont aussi efficaces dans certains cas.
Par ailleurs il est important de surveiller l'ostéoporose, car la fragilité osseuse devient plus importante avec l'âge.
La ménopause
La ménopause, qui est un phénomène naturel, se définit comme l’arrêt définitif des règles.
Elle est confirmée après 12 mois consécutifs sans règles chez une femme aux alentours de la cinquantaine. Le diagnostic se fait donc a posteriori.
Après la ménopause, il n’y a plus d’ovulation et donc plus de possibilité de grossesse. Le corps ne sécrète plus d’estrogènes ni de progestérone qui sont des hormones sexuelles.
Une expérience propre à chaque femme
Chaque femme aura un vécu personnel de la ménopause. Les troubles qui y sont liés sont variables d’une femme à l’autre.
Ils sont plus importants dans les trois premières années et peuvent persister sous une forme atténuée au-delà de 5 ans voire plus.
La privation en estrogènes est responsable de divers symptômes :
- les troubles vasomoteurs : bouffées de chaleur (environ 2/3 des femmes en présentent) et sudations nocturnes
- la sécheresse vaginale qui peut rendre le rapport sexuel douloureux
- les douleurs articulaires pour certaines localisations
La fatigue, les troubles du sommeil, l’irritabilité fréquemment rapportées par les femmes peuvent être la conséquence des désagréments rapportés ci-dessus par effet domino.
La carence estrogénique peut entraîner également des troubles urinaires (cystites plus fréquentes, urgences mictionnelles) et des modifications de la peau.
Elle ne fait pas prendre de poids
La ménopause, contrairement aux idées reçues, ne fait pas prendre de poids.
La prise de poids est progressive tout au long de la vie et s’accentue entre 40 et 55 ans.
Elle s’accompagne avec l’âge d’une diminution de la masse maigre (muscles) au profit de la masse grasse. Il faut donc adapter sa prise alimentaire et entretenir sa masse musculaire pour éviter la prise de poids. La carence en estrogènes modifie par contre la répartition des graisses avec pour conséquence une modification de la silhouette.
Les risques sur la santé
Les risques à long terme de la carence en estrogènes sont l’ostéoporose et les maladies cardio-vasculaires.
Le traitement hormonal de la ménopause (THM) est indiqué en cas de troubles liés à la privation en estrogènes (bouffées de chaleur, sudations nocturnes gênantes).
Il fait appel principalement aux hormones naturelles (œstradiol et progestérone) et est adapté à chaque patiente :
• Traitement avec ou sans règles : combiné continu ou combiné séquentiel
• Voie orale ou voie percutanée (patch ou gel) pour œstrogènes
• Doses d’estrogène et de progestérone différentes
Avant l’instauration du traitement, il convient de rechercher les contre-indications au THM par l’interrogatoire, l’examen clinique et une mammographie récente.
Selon les recommandations, le traitement doit être le plus court possible et à la dose efficace la plus faible possible.
Certains troubles tels que la sècheresse vaginale isolée peuvent être soulagés par un traitement simplement local.
La mise en œuvre du THM est l’occasion de réévaluer l’hygiène de vie : alimentation équilibrée avec apports en vitamine D et en calcium suffisants, informations sur la consommation de toxiques (tabac, alcool entre autres), maintien d’une activité physique régulière.
Pour plus d’information, lire les recommandations de l’HAS .
Source Pr Claudine Mathieu – Dr Gérard Boutet - Service de gynécologie chirurgicale - médicale et médecine de la reproduction – pôle d’obstétrique, de reproduction et de gynécologie – CHU de Bordeaux - Janvier 2015