Traite négrière à Bordeaux: le CRAN a assigné en justice le baron Seillière

Ernest-Antoine Seillière, ancien président du patronat français (1997-2005) a été assigné en justice pour ses liens avec la traite négrière par le Conseil représentatif des Associations noires de France (CRAN), ce samedi veille du 10 mai, journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage.

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Lors d'une conférence de presse à Bordeaux le président du CRAN, Louis-Georges Tin, a annoncé le dépôt, jeudi 7 mai auprès du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, d'une "assignation pour crime contre l'Humanité et recel de crime contre l'Humanité" contre le baron Antoine-Ernest Seillière de Laborde, dont "la fortune est en bonne partie issue de la traite négrière" pour "demander réparation" au nom des victimes de l'esclavage et de la traite négrière.


L' héritage du baron Seillière

Le CRAN ayant "tenté en vain d'établir un dialogue avec le baron Seillière qui n'a pas abouti, a donc choisi la voie judiciaire", a expliqué son président. "Les descendants des esclavagistes ne sont pas coupables mais ils sont bénéficiaires et leur fortune est faite de biens mal acquis", a-t-il souligné. "Et en refusant toute réparation, ils deviennent solidaires de fait du crime dont ils essaient de se démarquer en vain", selon M. Tin.

Le baron a quitté la présidence du conseil de surveillance de Wendel en mars 2013 à l'âge de 75 ans, et il est  "lié au capitalisme négrier à la fois par son aïeul, Jean-Joseph de Laborde, et par sa participation à la banque NSMD (ndlr: filiale du groupe néerlandais ABN-Amro), issue en partie de la banque Mallet, institution particulièrement investie dans la traite négrière", affirme le CRAN. C'est donc à ce double titre que l'organisation assigne le baron Seillière.


Les réparations

Les réparations peuvent être "multiformes", il peut s'agir de "lieux de culture, de musées", a-t-il suggéré, citant les exemples récents de banques américaines comme JP Morgan Chase et Bank of America qui ont mis en place des programmes de réparations, notamment des bourses d'étude pour les jeunes des ghettos de Chicago.


Le passé négrier du port de Bordeaux

Entre les XVIème et XVIIIème siècles, Bordeaux a prospéré sur l'esclavage et la traite négrière, avec le négoce très lucratif de denrées coloniales produites par les esclaves mais aussi 508 expéditions négrières qui ont placé la ville en deuxième position -- après Nantes -- des ports français pour l'ensemble de la période concernée. L'historien Eric Saugera a retrouvé la trace d'une motion du Parlement de Bordeaux en date de 1571 exigeant la libération d'esclaves noirs amenés dans le port de la Lune pour y être vendus. La première expédition négrière bordelaise s'effectue un siècle plus tard en 1672. Entre cette date et 1837, Bordeaux déporte de 120.000 à 150.000 esclaves africains vers les Amériques. En 1786, le port aquitain devance même son concurrent nantais, en développant la traite sur la côte est de l'Afrique.
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