Six ans après les effondrements de deux immeubles rue d'Aubagne, à Marseille, s'ouvre ce jeudi 7 novembre un procès très attendu, celui de l'habitat indigne. Prévenus, parties civiles, déroulement, résonance... le point sur cette audience inédite, autant sur le fond, que sur la forme.
L'habitat indigne devant la justice. C'est un procès historique qui s'ouvre ce jeudi 7 novembre au tribunal correctionnel de Marseille. Celui des effondrements de la rue d'Aubagne, drame qui a touché la deuxième ville de France en plein cœur le 5 novembre 2018. Ce jour-là, huit personnes, cinq hommes et trois femmes, sont morts sous les décombres de leur immeuble insalubre, qui s'est écroulé sur lui-même. Au terme d'une enquête hors norme qui a duré six ans, les familles des victimes et Marseillais attendent des réponses. France 3 Provence-Alpes fait le point sur ce procès qui va durer jusqu'au 18 décembre.
Du monde attendu au procès
Au cours de ce procès hors normes, 16 prévenus vont comparaître et 87 parties civiles sont constituées. Parmi les prévenus, des personnes physiques ou morales. Quatre d'entre elles sont poursuivies à l'initiative des juges d'instructions pour homicides involontaires et blessures involontaires. Douze autres prévenus ont été cités à comparaître à la demande des parties civiles, familles des victimes ou de locataires survivants.
Voici le profil de quatre des prévenus : Julien Ruas, seul élu de la Ville sur le banc des accusés, Richard Carta, l'expert qui avait autorisé les locataires du 65 à réintégrer leur immeuble, Xavier Cachard, propriétaire d'un appartement au 65 et ancien Vice-Président de la Région, ou encore Marseille Habitat, le bailleur public propriétaire du 63 rue d'Aubagne.
Qui dit centaines de personnes attendues, dit complexité logistique et matérielle. Un accompagnement a été prévu pour les parties civiles. Des psychologues et des juristes seront présents, une restauration quotidienne sera proposée, mais aussi une salle de repos.
Dans la salle du procès, quarante médias seront également représentés, soit une centaine de journalistes, pour la majorité français. Les débats seront traduits simultanément italien, espagnol et arabe, pour les parties civiles qui ne parlent pas le français.
Déroulement de six semaines d'audience
Le procès se tient du 7 novembre au mercredi 18 décembre au Tribunal judiciaire, à la caserne du Muy, à la Belle de Mai, dans le 3ᵉ arrondissement de Marseille. Une salle utilisée spécialement pour les procès hors norme, comme celui du crash de la Yemenia Airways, par exemple.
Les débats s'étalent sur six semaines suivant un calendrier bien précis. Le jeudi 7 novembre est consacré à l'appel des parties civiles et des plaignants. Les différentes identités vont être déclinées. Le lendemain, place à l'exposé synthétique du procès, mais également au détail de la chronologie du drame de la rue d'Aubagne.
Durant semaine du 12 novembre, le descriptif des immeubles va être détaillé, tout comme le scénario des effondrements. Le vendredi 15 sera consacré au parcours de vie des parties civiles. Différents témoins seront entendus.
La semaine du 18 novembre est consacrée aux parties civiles et aux familles des parties civiles. Les prévenus Xavier Cachard et le cabinet Liautard seront entendus le 20 novembre.
Les plaidoiries des parties civiles commenceront le 5 décembre, les réquisitions tomberont le 11 décembre. Les plaidoiries de la défense se dérouleront du 12 au 18 décembre, et clôtureront le procès.
Marseille, épicentre de l'habitat indigne
Avec Paris, la cité phocéenne est devenue la capitale française de l'habitat indigne. Un triste attribut étayé par des chiffres. Depuis les effondrements de la rue d'Aubagne, le parquet fait état de 28 dossiers notables jugés à Marseille. Parmi ces 28, 25 marchands de sommeil ont été condamnés, trois ont été relaxés. D'ici à la fin de l'année 2024, six dossiers supplémentaires vont être traités.
La Ville de Marseille assure lutter contre l'habitat indigne "comme l'une de ses priorités". "2 300 interventions de contrôle ont été réalisées en 2023 suite à des signalements, soit 200 interventions par mois en moyenne", peut-on lire sur le site de la municipalité. "Depuis 2022, plus de 100 arrêtés d’insalubrité ont été pris, contre 6 entre 2016 et 2018."