Le congrès mondial des systèmes de transport intelligent (ITS), qui s'ouvre lundi à Bordeaux, présentera pendant cinq jours les dernières avancées d'un secteur en pleine effervescence.
De retour en France vingt-deux ans après sa création à Paris en 1994, le congrès a fait le plein pour sa nouvelle édition : 300 exposants seront présents, 200 sessions professionnelles organisées et 3.500 congressistes attendus - constructeurs automobiles, start-ups innovantes, experts en robotique et télécommunication - venus d'une centaine de pays.
"Les usages du numérique bouleversent la façon dont les gens se déplacent aujourd'hui. Il n'y a qu'à regarder l'application de covoiturage Blablacar", souligne Florence Ghiron, chef d'entreprise et présidente du comité bordelais d'organisation.
Signe de l'importance prise par ce secteur, le ministre des Transports, Alain Vidalies, et la Commissaire européenne chargée des Transports, Violeta Bulc, participeront à la table-ronde inaugurale du congrès, placé sous le thème général "Vers une mobilitéIl y a beaucoup d'innovations, d'énormes changements, c'est une filière en plein essor.
intelligente - un meilleur usage de l'espace". La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, est également annoncée.
Car l'enjeu est multiple : il s'agit d'offrir aux usagers plus de sécurité, plus de confort et plus de mobilité, avec le souci renforcé de protéger l'environnement, alors que les villes ne cessent de grandir et que la régulation du trafic automobile et la mise en connexion des différents modes de transport restent un vrai défi.
Au total, 25.000 m2 d'exposition seront dédiés aux innovations technologiques, avec la présence de nombreux professionnels asiatiques, en particulier de Chine et du Japon.
Les usagers au coeur du système
"Aujourd'hui, on ne réfléchit plus aux transports en mode isolé mais en multimodal, avec les usagers au coeur du système (...) ce qui permet l'émergence de nouveaux services et révolutionne les schémas de mobilité", explique Florence Ghiron, également à la tête du cluster Topos, chargé de structurer la filière en Aquitaine, une des régions les plus dynamiques en la matière.Des exemples concrets ? Si aujourd'hui un feu tricolore n'a pas d'autre utilité que d'autoriser ou d'interdire le passage des véhicules, on peut imaginer que, dans quelques années, il informe les automobilistes lorsqu'un piéton traverse imprudemment ou qu'un autre conducteur grille un feu... Certains feux pourraient aussi donner la priorité aux transports en commun ou au covoiturage.
A ce titre, les premiers résultats du projet européen Compass4D, qui teste des services de coopération routière entre les opérateurs routiers, les gestionnaires d'infrastructures et de flottes et les automobilistes, dans six villes européennes, dont Bordeaux, seront présentés aux professionnels.
Autre sujet, à l'heure où les smartphones ont envahi de très nombreux champs de la vie quotidienne : comment passer de la connectivité personnelle à la mobilité connectée, telle que la localisation des appels d'urgence, le dialogue entre véhicules (V2V) ou l'infrastructure routière (V2I), ou encore les aides à la conduite ?
Enfin, les transferts de technologie et les innovations croisées entre les différents secteurs industriels du transport représentent un enjeu majeur : les industries aéronautiques et surtout spatiales, qui ont intégré de longue date les systèmes intelligents dans leurs innovations, ont beaucoup à apporter aux autres secteurs du transport, notamment routier.
"Pour la gestion des flux, on peut s'inspirer de l'optimisation des flux aériens par les tours de contrôle", explique Florence Ghiron.
Dans le domaine des voitures autonomes, il y a toute une technologie aéronautique qui peut être transférée.
Véritable rupture technologique, les véhicules autonomes seront d'ailleurs au centre de toutes les attentions, avec plus d'une trentaine de démonstrations proposées pendant le congrès, en particulier de la filière française : navettes sans chauffeur (Easymile, Navya), voitures autonomes (PSA Peugeot Citroën, Renault, etc.), etc.
PSA Peugeot Citroën fera notamment rouler sa C4 Picasso en mode autonome entre Paris et Bordeaux, avant de l'exposer au salon.
Une voiture électrique, légère et donc moins consommatrice en énergie et surtout livrée en Kit sera présentée à ce salon. C'est un projet réalisé par une vingtaine d'entreprises aquitaines. Jean Pierre Stalh et Ludovic Cagnato ont pu approcher ce prototype.