Mode de déplacement doux, ou sport extrême pratiqué dans les rues, le skate roule partout dans Bordeaux. La ville est devenue une référence en France, un spot connu au delà de l'Europe.
Et une économie émerge autour de la planche à roulettes.
Les rues de Bordeaux, terrain de jeu favori des champions de skate. De jour comme de nuit, ils roulent. Une marche, une poubelle, un banc...Tout est prétexte à improviser une figure.
Léo Valls poste régulièrement des photos et vidéos de ses sorties dans Bordeaux. Il y skate depuis l'âge de 13 ans. Il en a aujourd'hui 30. Il est toujours bordelais et connu un peu partout dans le monde.
La "planche à roulettes" est un sport de l'extrême exporté des Etats-Unis. Il est de plus en plus tendance en France, de plus en plus médiatisé. A Bordeaux, en particulier. Le nombre de pratiquants a explosé. Ils seraient peut-être 2000 selon Léo Valls. Même si le chiffre est très difficile à établir.
Bordeaux est devenue la première ville de skateurs en France. L'Aquitaine est souvent comparée à la Californie, Bordeaux à Los Angeles. Le skate y a trouvé un terreau naturel.
Dans les années 70, pourtant, skater dans Bordeaux relevait plutôt du parcours du combattant. Jean-Marc Lalondrelle, dit Jim dans le milieu, a été l'un des pionniers, l'un des plus actifs aussi pour développer la pratique du skate. Agenais, il avait choisi Bordeaux pour mener ses études. Il a relancé une section moribonde à L'Union Saint-Bruno, récupéré une première rampe puis une deuxième et une troisième. Il a créé des évèvements et réussi à faire venir des stars américaines. Il a semé des "graines".
A 53 ans, Jim pratique toujours avec le même plaisir et donne des cours.
Quand on est passionné, on transmet. Il y a des jeunes qui se sont greffés, nous ont copiés,ont voulu vivre de leur passion.
Skateur et sérigraphe, Loic Morice vit de sa passion depuis 2001. Avec un associé, il a inventé un procédé d'impression pour les planches. Aujourd'hui, son entreprise emploie 3 salariés. Et malgré quelques turbulences, elle est restée leader sur le marché européen et livre essentiellement vers la Suède.
On peut vivre du skate. C'est pas la panacée. Mais il y a la place pour des créatifs, des graphistes, des sérigraphes et des sportifs.
De la place pour quelques photographes aussi comme David Manaud et pour des graphistes.
Sugar, l'un des magasines spécialisés dans le skate a quitté Paris pour s'installer à Bordeaux.
Tout comme une start-up française de 7 salariés. Elle a créé une marque de planches dessinée sur Bordeaux, fabriquée aux Etats-Unis.
Cinq magasins sont également spécialisés dans les planches à roulettes.
C'est Julien Chauvineau qui a ouvert le plus ancien, il y a 18 ans ! Il a vu sa clientèle évoluer. La moitié est désormais composée de skateurs occasionnels. Des pères de familles qui s'y remettent pour accompagner leurs enfants, des Bordelais qui en font un mode de déplacement doux...
Les skateurs "purs et durs" fréquentent aussi son magasin. Certains issus des écoles qui commencent aussi à fleurir sur Bordeaux. Aujourd'hui plus d'une dizaine de moniteurs donne des cours au skatepark, vitrine de la discipline depuis 2006.
Un deuxième skatepark, en intérieur, à Darwing permet de pratiquer par tous les temps.
Bordeaux s'est imposée comme la ville du skate en France, un spot connu dans le monde entier.
Et pourtant, un arrêté municipal l'interdit dans les rues. La police municipale serait très prompt à l'appliquer selon Léo Valls qui reconnait avoir failli déménager de "sa ville". Aujourdhui, il voudrait trouver un compromis avec la municipalité, des plages horaires pendant lesquelles le skate serait autorisé.
Le skate et sa culture très graphique ont changé l'image de Bordeaux. Reste à trouver une façon de cohabiter avec cette tribu de plus en plus grande mais toujours libre.