En 30 ans, l'emploi a été bouleversé en France. Sur cette seule période, 50 000 artisans ont dispau. En Auvergne, quelques métiers anciens résistent grâce à l'envie de passionnés qui perpétuent des savoir-faire et des techniques séculaires. Ils sont relieur, barbier ou encore vannier...
Allumeur de réverbère, demoiselle du téléphone, ou laquais…Des métiers disparus, chassés par le progrès technique et l'évolution des mœurs. Mais quand la passion s'immisce, certains métiers du passé parviennent à survivre...
Amoureux des livres, Stéphane Rooy est tombé dans la reliure par hasard. A 32 ans, il abandonne la restauration et se reconvertit pour se consacrer à son nouvel art. Les outils sont les mêmes depuis des siècles, les techniques aussi…. Une reliure nécessite une quarantaine d'étapes différentes. Ce savoir-faire rare trouve peu de débouchés.
La clientèle de Stéphane Rooy se limite aux bibliophiles et à la restauration de vieux ouvrages comme ces registres de mairie qu'il faut nettoyer et relier.
L'artisan crée aussi ses propres ouvrages. Eventail de son savoir-faire, voyage à travers les époques et les lieux. Stéphane Rooy est confiant pour l'avenir de son métier. Après avoir travaillé sept ans chez lui, il vient d'ouvrir son atelier dans le centre de Royat…
Dominique Arrault aussi aimerait se consacrer entièrement à son art.
Depuis le premier janvier, cet horticulteur de formation travaille à mi-temps pour développer sa nouvelle activité : la vannerie d'osier sec et vivant. Une passion naît d'un souhait : mettre en scène les fleurs qu'il plante.
Dominique Arrault fait le choix de la vannerie artistique plutôt que pratique. Il tresse des objets de décoration imposants ou des plants vivants pour en faire des compositions originales. Question de sensibilité mais aussi, pour être plus terre à terre, de marché…
Niveau prix, Impossible de rivaliser avec des objets industriels et la concurrence étrangère.
Pour ajouter une corde à son arc, ce vannier cultive lui-même son osier.
En mars, il a planté 12 000 boutures. D'abord pour les travailler, mais aussi pour pouvoir vendre cette matière première plus tard…
Le métier est difficile. Un travail de patience et de passion.
A 52 ans, Dominique Arrault s'est fixé une limite. 5 ou 6 ans en tant qu'artiste vannier, puis viendra le temps de l'héritage.
Qui sait ? Les vanniers pourraient peut-être connaître un nouvel essor, comme les barbiers.
La mode hipster a relancé ce métier vers 2015. C'est cette année-là que Pierre Lavisse alias Big P s'est installé à Vichy. Chez lui, le rasage commence toujours par une serviette chaude sur le visage.
Le savoir-faire, les astuces, Pierre Lavisse les a apprises sur le tas. 6 ans à pratiquer chez lui, avec des proches.
L'expérience paye aujourd'hui. Certains clients viennent de Clermont-Ferrand ou Lyon… le carnet de rendez-vous est plein une ou deux semaines à l'avance…
Plus qu'un rasage, les hommes viennent ici chercher un instant privilégié.
L'ambiance rétro témoigne de la renaissance du métier. Pour Pierre Lavisse, la tradition est nécessaire. Barbier ce n'est pas qu'une profession.
Et si la barbe passe de mode, Pierre Lavisse ne s'inquiète pas. Il restera toujours une clientèle en quête d'authenticité et de travail bien fait…