Le gouvernement souhaite mettre le projet Lyon-Turin "en pause"

Dans une interview donnée le mercredi 19 juillet, la ministre des Transports Elisabeth Borne a affirmé que le gouvernement souhaitait faire "une pause" dans le projet ferroviaire Lyon-Turin. Les réactions n'ont pas tardé à tomber suite à cette annonce. 

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C'est une annonce qui en a surpris plus d'un. Dans une interview donnée à Reporterre, le mercredi 19 juillet 2017, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a confirmé que le gouvernement souhaite mettre "en pause" le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin.

Alors que tous les voyants étaient au vert, le président de la République fait marche arrière. " Le Lyon-Turin fait partie des projets qui sont concernés par la réflexion et la pause qui ont été annoncées par le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de l'inauguration de la ligne TGV Paris-Rennes, le 1er juillet ", a confirmé Elisabeth Borne, interrogée à l'Assemblée Nationale.

Elle précise que "Le président de la République vient d’annoncer que, dès lors que les engagements qui ont été pris et les besoins incontournables en termes d’entretien et de regénération dépassent de dix milliards soit les recettes prévisibles à ce stade, nous sommes obligés de faire une pause pour réfléchir au modèle de mobilité et prioriser les projets. Et ensuite, on va aller vers une loi de programmation dans laquelle on ne sera plus dans des promessses non financées, on aura année par année, avec une vision sur dix ans et pendant les cinq ans du quinquennat, des dépenses et des recettes équilibrées. "

Suite à cette annonce, la société franco-italienne TELT, responsable des travaux, a précisé que "pause ne voulait pas dire suspension [des travaux, ndlr]. Ce n'est pas une suspension de l'activité, c'est-à-dire des chantiers de reconnaissance qui sont engagés. Il s'agit d'engager une réflexion pour poser le cadre général de la pérennisation des financements à moyen et long terme. On reste sur le calendrier qui a été annoncé, à savoir que les appels d'offres pour la poursuite du chantier doivent être lancés à partir de 2018."

Un projet estimé à 26 milliards d'euros

La Cour des comptes a évalué à 26 milliards d’euros le coût total du percement du tunnel ferroviaire sous les Alpes, dont 8,5 milliards pour la seule construction du tunnel.

La ministre a toutefois fait état de la "spécificité" du projet qui "a été financé à 40% par l'Union européenne, mais aussi à 35% par l'Italie, et qui fait partie des réseaux trans-européens, donc c'est aussi une question et un aspect qu'on devra prendre en compte dans les décisions qu'on devra prendre sur ce projet"

Des Assises de la mobilité, qui doivent se tenir à partir de septembre, doivent préparer une "grande loi d'orientation sur les mobilités", qui sera présentée au Parlement pour être débattue au premier semestre 2018.

Les opposants au projet sont ravis

Cette éventuelle suspension du projet Lyon-Turin a rapidement été saluée par ses opposants, parmi lesquels le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle. "Une sage décision", a déclaré dans un communiqué M. Piolle, qui avait retiré l'an dernier le financement de Grenoble au projet. "La priorité doit être donnée sans plus attendre au maintien du réseau ferré du quotidien, trop souvent fragilisé, et aux travaux sur les lignes TER."

Dans un communiqué, le syndicat SUD-Rail et l’Union syndicale Solidaires proposent d'instaurer "un report modal sur la ligne historique Ambérieu/Modane est possible avec une capacité réduisant le nombre de camions d'un million par an. Notre organisation syndicale a fait, fin 2016, des propositions argumentées au Vice-président de la région Aura [Patrick Mignola, ndlr] en charge des transports prouvant que c'était possible dès maintenant. Ce dernier, lors d’un colloque à Chambéry le 13 avril 2017, avait affirmé qu’effectivement le site d’Ambérieu était une bonne solution pour un report modal massif vers le fret ferroviaire."

A terme, cinq millions de voyageurs sont attendus chaque année sur la ligne, qui devrait permettre de relier Lyon à Turin en moins de deux heures et Paris à Milan en quatre heures. Quarante millions de tonnes de marchandises doivent également être transportées, selon les partisans du projet. Ce qui devrait permettre de transférer l’équivalent d’un million de poids lourds de la route vers le rail.

 

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