En visite à Pékin, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a assuré ce mercredi n'avoir aucune "opposition de principe" à l'entrée du chinois Fosun au capital de la Compagnie des Alpes, contrairement à ce qu'il avait affirmé en juillet dernier.
"Il n'y a pas d'opposition de principe, ni de feu vert de principe. La seule question, c'est de savoir si ce partenariat permet ou non de développer l'investissement, et d'avoir davantage de touristes chinois" dans les Alpes, a indiqué M. Wauquiez à Pékin.
L'élu semble avoir assoupli sa position depuis l'été dernier. Il avait en effet affirmé en juillet 2016 son refus "de laisser la Compagnie des Alpes brader les stations de ski françaises aux étrangers".
"Pour l'instant, je ne dispose pas d'éléments suffisamment précis, je n'ai pas les garanties qui permettent de dire oui ou non (...) Je ne me contenterai pas de belles histoires", a-t-il affirmé ce 15 février, rappelant que "rien ne se fera sans accord de la région".
La Compagnie des Alpes, à la tête de 11 domaines skiables (Tignes, Val d'Isère ou les Deux Alpes) et 13 destinations de loisirs (Parc Astérix, Futuroscope...), poursuit des discussions sur l'entrée à son capital de nouveaux actionnaires, dont le fonds Fosun.
M. Wauquiez assure avoir expliqué aux représentants de Fosun qu'il était "très exigeant". "On ne peut pas non plus se faire dépouiller (...) Si c'est pour se faire voler l'un de nos fleurons, c'est hors de question", a-t-il martelé. "Je veux des éléments chiffrés sur les engagements d'investissements, les objectifs de touristes chinois en France".
En revanche, il s'est dit ouvert à un "véritable partenariat" sur le modèle de la relation existant entre Fosun et le Club Med, spécialiste français des clubs vacances tombé en 2015 dans l'escarcelle du fonds chinois.
"Du moment que j'aurai les éléments précis sur la table, on sera capable d'avancer sur un calendrier rapide", a plaidé M. Wauquiez, qui reconnaît volontiers que l'envolée attendue du nombre de visiteurs chinois adeptes du ski représente "une gigantesque opportunité".
Mais les investissements potentiels de Fosun doivent profiter à des "entreprises françaises", insiste-t-il. "Je suis assez chauvin et patriote dans mon approche, ce qui est très comparable à ce que font les Chinois chez eux", a-t-il grincé, en référence au protectionnisme dont Pékin est coutumier.
La Compagnie des Alpes, elle, met en avant son développement à l'international, où elle vise le prometteur marché chinois, après avoir défriché la Russie."Un investisseur chinois ouvrirait des portes", fait valoir Jean-Marc Farini, directeur des projets internationaux, présent à Pékin.
L'entreprise est déjà présente dans deux stations chinoises, où elle apporte conseils et expertise aux opérateurs, et elle entend profiter du décollage des sports d'hiver en Chine à l'approche des jeux Olympiques de 2022.
Les pourparlers avec Fosun, qui multiplie tous azimuts ses acquisitions à l'étranger, du tourisme à la finance, suscitent cependant de vives réticences : la Compagnie des Alpes est actuellement détenue à 40% par l'Etat, via la Caisse des dépôts et consignations (CDC). En faisant "entrer les Chinois (...) j'ai l'impression que l'on va se faire déposséder de notre patrimoine", a confié au Dauphiné Libéré Gilbert Chabert, président du syndicat national des moniteurs de ski français, qui a quitté avec fracas son poste d'administrateur du groupe.
"Nous n'avons jamais autant investi dans les Alpes françaises!", insiste directeur des projets internationaux de la Compagnie . Son PDG Dominique Marcel avait rappelé en décembre qu'une éventuelle prise de participation de Fosun se situerait "autour de 10%". "Il n'a jamais été question que les Chinois prennent le contrôle", soulignait-il.