Les voeux de la ville de Clermont-Ferrand, bon ou bad buzz ?

« Vivre ici, c'est prendre le risque de vous faire rouler ». Pour ses voeux de 2017, la Ville de Clermont-Ferrand a fait le choix d'une campagne d'affichage plutôt originale, centrée sur les points forts de la ville tournés en dérision. Un humour qui ne passe pas pour certains élus et administrés.

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Dans les rues de Clermont-Ferrand, les piétons et automobilistes ont pu remarquer les nouvelles affiches de voeux de la Mairie, installées le 29 décembre. Sur fond blanc, les quatre déclinisaisons de la campagne présentent chacune un point fort de la ville : un ballon ovale symbolisant l'ASM, un pneu pour Michelin, un clap pour le festival du court-métrage et enfin un diplôme pour la future Université Clermont-Auvergne.

Le hic, c'est que chaque affiche se voit attribuer une légende qui tourne en dérision le symbole représenté. Selon la campagne d'affichage, « vivre ici, c'est prendre le risque de vous faire rouler, » explique par exemple le pneu Michelin. Le ballon de rugby prévient, lui, que vous pourriez « vous faire plaquer » en habitant la ville. En dessous, la présence du slogan « Clermont-Ferrand, vivre intensément » laisse alors comprendre que la campagne utilise le second degré. La vie dans la capitale auvergnate serait si intense que l'on s'exposerait à certains risques.

« Du second degré que les gens ne comprennent pas »

« Si cette campagne est faite pour révéler les talents clermontois, je ne comprends pas pourquoi on ne le fait pas directement, se questionne Jean Pinard, ex-directeur du comité régional du tourisme en Auvergne. Le marketing, c'est montrer de l'attachement à la ville, et utiliser le second degré pour parler de Clermont aux Clermontois c'est risqué, d'autant plus pour une région qui ne maîtrise par son image.»  

Évoquant l'affiche concernant l'université (« vivre ici, c'est risquer de perdre ses facultés »), il poursuit: « Le double sens est maladroit : avec la récente fusion, on pourrait penser que les universités  vont s'en aller! »

Jean-Pierre Brenas, conseiller municipal de l'opposition, épingle la même affiche. « En ces temps de fusion régionale, nous sommes victimes de l'attraction de la métropole lyonnaise. Il y a un risque réel que nos universités et le centre de commandement de certaines entreprises partent pour Lyon, relève l'élu des Républicains. 

Il ajoute : « C'est du second, voire troisième degré que les gens ne comprennent pas. On devrait plutôt mettre en avant les moyens de passer une bonne année : une amélioration du service public, plus de sécurité, de propreté et de services connectés. Cette campagne ressemble à de la com' personnelle pour le maire et je ne cautionne pas. »

La réponse d'Olivier Bianchi

Apostrophé sur Facebook et Twitter, le maire de Clermont persiste et signe. Il a bien validé la campagne et invoque un second degré « qui explique [les] atouts [de Clermont-Ferrand]», dans un commentaire sur Facebook puis dans un tweet.

« C'est une polémique ridicule, s'indigne Olivier Bianchi, joint par téléphone. On a tendance à s'auto-flegeller à Clermont-Ferrand, à affirmer que l'on est pas bon. Les expressions triviales, comme " se faire rouler ", sont ironiques et cela devient du positif pour la ville. C'est un discours d'optimisme, pour dire aux Clermontois qu'il faut arrêter de se plaindre, » justifie-t-il, regrettant le manque de second degré des élus hostiles à cette campagne. Concernant les coûts de la campagne, le maire indique qu'elle a été réalisée par son équipe interne et non par une entreprise extérieure.

Mais Olivier Bianchi ne craignait-il pas que l'humour ne soit pas compris par une partie des administrés? « Je peux bien sûr comprendre que tout le monde ne soit pas adepte, souligne-t-il. Je recherche le consensus en politique, mais je ne cherche pas à être consensuel tout le temps. J'avais envie de faire réflechir les Clermontois, de les faire débattre. C'est le propre de l'humour, et je pense que de ce côté, la campagne est réussie ».

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