On en consomme 40 000 tonnes par an. Si vous aimez le miel français, faites vos provisions car la production devrait chuter cette année, jusqu'à -70 % chez certains apiculteurs. La faute au mauvais temps mais pas seulement. Les pesticides sont aussi visés par la profession.
Quand vient la fin de l'été, les ruches doivent être gorgées de miel, mais cette année c'est loin d'être le cas. Un apiculteur de Saint-Ours-les-Roches, dans le Puy-de-Dôme, a constaté une chute de la production. Elle a été divisée par trois passant de 12 tonnes à seulement 4. "La raison, c'est le climat, couplé à un affaiblissement des colonies d'abeilles", explique Yvan Gouttequillet, "si elles avaient été plus dynamiques, le mauvais temps n'aurait pas eu autant d'impact".
Qui dit mauvais temps dit moins de sucre. L'apiculteur nourrit donc ses abeilles au sirop, histoire de limiter la casse. La baisse de la production est un phénomène généralisé. Elle peut aller jusqu'à -70 chez certains. La météo est responsable…en partie. Les pesticides sont aussi montrés du doigt.
Pour Lucas Falchero, qui possède une dizaine de ruches en plein centre-ville de Clermont-Ferrand, "après 50 ans d'agriculture chimique, on s'aperçoit qu'il y a un énorme affaiblissement des hyménoptères, des disparitions d'espèce, à tel point que la pollinisation elle-même est remise en cause". Pour cet apiculteur amateur, l'enjeu dépasse largement l'avenir du métier. "Il y a une urgence écologique à arrêter tout ça", dit-il, "en espérant qu'on peut revenir sur cette situation, ce qui n'est même pas sûr".
Le discours est alarmiste. Lucas Falchero rappelle que "70 à 80% des fruits et légumes que nous mangeons sont pollinisés par les abeilles". Bien avant lui, il y a 60 ans, un certain Albert Einstein disait que si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre.