En Haute-Loire, EDF a décidé de reporter l'aménagement du barrage de Poutès pour raisons financières. Il s'agissait de reconstruire le barrage hydroélectrique pour faciliter le passage du saumon sauvage dans l'Allier. Les pêcheurs comme les communes du Haut-Allier sont inquiets et en colère.
Entre le barrage de Poutès aujourd'hui et celui qui était prévu demain, il y avait bien sûr 4 ans de travaux et de gros investissements, mais un projet qui faisait l'unanimité. Le seuil de la retenue devait être rabaisser pour permettre aux saumons de mieux venir se reproduire dans l'Allier. Le chantier allait même démarrer : des sondes étaient déjà en place pour mesurer la qualité de l'eau lors du nettoyage des sédiments accumulés par le barrage. Sauf que voilà, EDF vient d'ajourner le projet sans concertation.
"Actuellement, compte-tenu de l'investissement à faire sur le projet Nouveau Poutès et du caractère complètement déprimé du marché de l'énergie, puisque le Mégawatt a fortement baissé ces derniers 6 mois, la rentabilité et la viabilité de la concession sur le long terme n'est pas assurée," explique Sylvain Lecuna, chef de projet EDF
Ce nouveau Poutès faisait enfin l'unanimité après des années d'opposition entre les défenseurs du saumon et les élus locaux. Il devait garantir 85% de la production électrique actuelle de l'usine de Monistrol d'Allier, située en dessous du barrage. Alors cette remise en cause d'EDF ne plaît ni aux uns, ni aux autres.
"C'est beaucoup de travail, c'est beaucoup de concertation, c'est beaucoup de constructions de projets, c'est beaucoup d'innovations qui s'arrêtent brutalement. Il y avit beaucoup de perte de saumons à la dévalaison (NdlR : migration vers l'aval), et tout retard qui est pris, c'est le nombre de saumons, le cycle du saumon qui prend du retard", s'inquiète Antoine Lardon, président de la fédération des pêcheurs de Haute-Loire
L'annonce de ce report est aussi désastreuse pour Pierre Coupelon, le maire de Monistrol d'Allier : "Pour la région, pour la vallée, c'est une perte importante, puisque les travaux d'un montant de 20 à 25 millions d'euros allaient aux entreprises du coin. En plus, pour nous, localement, on prévoyait de l'hébergement du personnel qui allait travailler sur ce chantier."
Les élus vont rencontrer le préfet en fin de semaine car ils s'inquiètent pour l'avenir même de leur usine hydroélectrique. De son côté EDF, affirme que le projet n'est pas abandonné, sans prendre d'engagement précis sur le démarrage du chantier.