Pédophilie : le nouvel évêque de Clermont défend (encore) le secret de la confession

Nommé évêque de Clermont-Ferrand par le Pape François le 20 septembre dernier, Mgr Kalist a un avis bien tranché sur la question de la dénonciation des prêtres pédophiles. Pour lui, le secret de la confession prime. Il faut inviter le fautif à se dénoncer lui-même plutôt que le dénoncer.

Le droit canonique doit-il passer au-dessus du code pénal ? Sur la question, Monseigneur Kalist est catégorique. C’est oui. Interrogé en avril 2016 par nos confrères de France Bleu Creuse, celui qui était alors évêque de Limoges défendait le secret de la confession « en tous les cas, en quelque situation que ce soit, pour quelque aveu que ce soit, quelque faute que ce soit ». C’est la réponse que François Kalist, récemment nommé évêque de Clermont-Ferrand, a donnée à la question suivante : « Même en cas d’abus sexuel sur des enfants ? ».

 

L’effort du confesseur, tout en gardant le secret, est d’inciter la personne qui se confesse à changer de comportement, à se dénoncer et à prendre les mesures nécessaires pour ne pas continuer dans son mal. - Mgr Kalist
 

Plus récemment, Mgr François Kalist a précisé sa pensée auprès de nos confrères de France 3 Limousin. Interrogé le 22 septembre sur la position qu’il défend, il a maintenu ses propos. « C’est quelque chose que je réaffirme en disant peut-être on m’a mal compris ». « Quand on est évêque, affirmer que le secret de la confession est absolu et intangible n’est pas une nouvelle », a-t-il répondu avant de développer sa réflexion. « Dire que le secret de la confession est intangible, ce n’est pas faire l’impasse totale sur les problèmes de mœurs et en particulier les problèmes de pédophilie dans l’Eglise », poursuit-il, « l’effort du confesseur, tout en gardant le secret, est précisément d’inciter la personne qui se confesse à changer de comportement, à se dénoncer et à prendre les mesures nécessaires pour ne pas continuer dans son mal ». Inviter à faire se dénoncer plutôt que dénoncer.

 

Que dit le Pape François ?

Le souverain pontife est moins catégorique que Mgr Kalist sur la question de l’attitude à observer dans le cas où un prêtre viendrait confesser à un supérieur un acte punissable par les lois de la République. Ainsi, en juin dernier, le Pape François a publié une lettre apostolique, « Comme une mère aimante », relative à la protection des plus faibles.
 
Dès le premier article, la position du chef de l’Eglise est claire : « L’évêque diocésain ou l’éparque, ou celui qui, à titre temporaire, a la responsabilité d’une Église en particulier, ou d’une autre communauté de fidèles qui lui est assimilée en vertu du canon 368 CIC et du canon 313 CCEO, peut être légitimement démis de ses fonctions, s’il a, par négligence, accompli ou omis des actes qui auraient porté un dommage grave à autrui, qu’il s’agisse de personnes physiques, ou d’une communauté dans son ensemble. Le préjudice peut être physique, moral, spirituel ou patrimonial. »
 

L’évêque diocésain (...) peut être légitimement démis de ses fonctions, s’il a, par négligence, accompli ou omis des actes qui auraient porté un dommage grave à autrui. - Pape François


Quelques semaines plus tard, en juillet, alors qu’il recevait au Vatican six victimes de prêtres pédophiles, le Pape avait dénoncé explicitement la « complicité inexplicable » d'une partie du clergé et de la hiérarchie. Il rappelait alors les évêques et les cardinaux à un de leur rôle : la protection des plus faibles, en particulier les mineurs, d’abus sexuels. En cas de négligence, « ils devront rendre des comptes », avait alors menacé François.

Déjà, en 1998, la Conférence des évêques de France reconnaissait que le secret n'était pas inconditionnel. Quatre éléments peuvent, selon un bulletin paru en juillet de cette année-là, entraîner une réflexion sur l'opportunité de lever le secret. Parmi ceux-ci figure « le bien d’un tiers innocent ».
 

Que dit le Code Pénal ?

L’article 226-13 du Code Pénal reconnait le secret du confessionnal. Toutefois, si Mgr Kalist invoque le secret professionnel pour défendre le droit au silence des évêques qui auraient pris connaissances à l'occasion d'une confession d’abus sexuels sur mineur commis par un prêtre, le droit canonique ne peut se substituer au Code Pénal. La loi considère, elle, que le secret professionnel n’est pas applicable « à celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de privations ou de sévices, y compris lorsqu'il s'agit d'atteintes ou mutilations sexuelles, dont il a eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique ».
 
Un prêtre confesseur qui garderait sous silence des faits d’agressions sexuelles sur mineur dont il aurait eu connaissance encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende pour non assistance à personne en danger.

 
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