Quelques commerçants et artisans ont prévu de parcourir à pieds les 350 kilomètres qui sépare le Mont de Paris afin de protester contre les "dysfonctionnements" de leur caisse de sécurité sociale et le poids jugé excessif de leurs cotisations.
Ils sont une petite poignée réunis à quelques encablures du Mont Saint-Michel, sur un parking cinglé par un vent de nord glacial. "Les plus lents marcheront devant" commande Nicole. "Et en cas de contrôle de gendarmerie, on présente gentiment les papiers. On n'est pas là pour se bagarrer !" Un petit groupe parti de Niort a fait la jonction avec les Normands : tous ont prévu de marcher jusqu'à Paris où doit se tenir une manifestation nationale le 28 novembre organisée par le collectif Sauvons nos entreprises. L'opération est sobrement intitulée "RSI ça suffit. Marche ou crève".
"On dénonce les dysfonctionnements du RSI qui sont récurrents, les appels de contisation incessants. Et on demande une baisse des charges " explique Nicolas, l'un des manifestants au Mont Saint-Michel. "D'ailleurs, des médiateurs ont été nommés en janvier. Ils ne l'auraient pas été s'il n'y avait pas de problème". Au début de l'année, en effet, le Régime Social des Indépendants a désigné des médiateurs dans tous les départements afin de "restaurer la relation de confiance avec ses assurés". Ils ont pour mission de "favoriser la résolution des différends par le dialogue".
Le reportage de Patrick Mertz et Jean-Michel Guillaud :
intervenants : Nicolas Quirin et Nicole Pointcheval, collectif Sauvons nos entreprises; Gunhaël Huet, député (LR) de la Manche.
Le RSI conteste les dysfonctionnements
Au printemps dernier, lors de sa conférence de presse annuelle, l'organisme de sécurité sociale des travailleurs indépendants a d'ailleurs tenté de corriger son image : "Ma conviction, c'est qu'il y a un écart entre la conception des usagers, le bruit médiatique autour du régime social des indépendants, et la réalité" expliquait alors Stéphane Seiller, directeur général du RSI qui réfute l'idée que les cotisants soient harcelés : "Désormais, dès que le cotisant nous informe de ses revenus de l'année n-1, ils sont pris en compte, rappelait Stéphane Seiller. Et quand il faut de ce fait revoir les cotisations à la hausse, les appels sont étalés sur sept- huit mois, alors qu'auparavant, l'indépendant devait tout régler en novembre et décembre. Résultat, nous constatons beaucoup moins de demandes de délais de paiement, du fait que la trésorerie des chefs d'entreprise est moins perturbée".
Il n'empêche, le collectif Sauvons nos entreprises n'en démord pas : le RSI étrangle les entrepreneurs. "Nous voulons interpeller les Pouvoirs Publics et les candidats à la présidentielle pour que quelqu'un s'occupe de nous et prenne conscience que les Très Petites Entreprises sont en train de mourir".
Le Régime Social des Indépendants est né en 2006, sous le gouvernement Villepin, de la fusion des caisses de protection sociale des chefs d'entreprises. Il gère la protection sociale obligation de plus de 6 millions de chefs d'entreprises et de leurs ayants-droits. "C'était dans un but de simplification, ce qui n'était pas une mauvaise idée, argumente aujourd'hui Guénhaël Huet. Le Député (LR) du sud-Manche qui soutient Alain Juppé avait fait le déplacement ce matin pour soutenir les artisans et commerçants : "Aujourd'hui, ça ne fonctionne pas. Et le taux de charge est trop important. Il est temps de casser le système".