Il est la victime symbolique de l'injustice et de l'absurdité de certains ordres militaires durant la guerre 14-18. Lucien Bersot fut fusillé pour l'exemple en février 1915 pour avoir refusé de porter un pantalon souillé. L'un des 740 soldats français exécutés durant ces cinq années du conflit.
Lucien Bersot est né en 1881 dans un petit village de Haute-Saône, Authoison, dans une famille de paysans. Il devient ensuite maréchal-ferrant dans le quartier Battant de Besançon.
Une plaque y commémore son destin tragique ainsi que celui d'un de ses camarades.
Un pantalon souillé
Lucien Bersot est mobilisé en 1914 sur le front de l’Aisne. On lui remet alors un pantalon de toile blanc, car il n’en reste plus de rouge garance. En février 1915, saisi par le froid, il réclame un bas de laine réglementaire. Le sergent fourier lui donne alors un pantalon déchiré et tâché de sang, pris sur un cadavre…Bersot refuse !Le lieutenant André inflige huit jours de prison à Lucien Bersot pour désobéissance devant l’ennemi. Le soldat proteste, tout comme ses camarades. L’affaire s’envenime. Le colonel Auroux veut en faire un exemple et convoque le lendemain le conseil de guerre, dans lequel il joue lui-même les accusateurs. Lucien Bersot est condamné à mort et fusillé. Deux de ses camarades envoyés en camp de travaux forcés.
Le soldat est réhabilité en 1922.
Martine Hadjaj, arrière petite-fille de Justine Bersot, la cousine de Lucien, a oeuvré pour honorer le soldat fusillé dans son village natal, Authoison. Elle a contacté les 52 cousins descendant de Justine qui, tous, ont accepté de financer une plaque commémorative. Cette plaque a donc été inaugurée, en présence de nombreux enfants des écoles, en avril 2014. Elle salue la mémoire de "tous les fusillés pour l'exemple de la guerre 1914-1918".
Source archives :
- Canopé
- "Le Pantalon", d'Yves Boisset, 1997
- Génération 14. Remerciements : M. Hadjaj
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©France 3
Adaptations littéraire et cinématographique
En 1997, Yves Boisset a réalisé le téléfilm "le pantalon" adapté du livre éponyme d'Alain Scoff.Revoyez ce reportage de Thierry Chauffour et Laurent Brocard au moment de sa sortie sur les écrans.
Au total, 2 500 condamnations seront prononcées à l'encontre de soldats sous uniforme français pendant la grande guerre. 740 seront fusillés.
Le réseau Canopé (Ministère de l'éducation nationale) offre un dossier complet sur ce phénomène tragique des fusillés qui a traversé la Grande Guerre de part en part, touché tous les États belligérants, tous les fronts, dès les premiers jours de la guerre. Le sous-chapitre sur le refus d'obéissance comme motif d'exécution revient largement sur le cas Bersot, avec des témoignages écrits de ses contemporains.
Un reportage d'Antenne 2 lors des commémorations du 11 novembre 1998 revient aussi sur ce sujet délicat des fusillés pour l'honneur. Le général André Bach, alors chef du service historique de l'armée de terre (SHAT) explique que le nombre d'exécutions de ce type est plus fort dans les années 1914-1915 qu'en 1917-1918. Contrairement à ce que l'on pourrait croire en se référant aux nombreuses mutineries du printemps 1917.