Drosophila suzukii, la mouche qui inquiète les scientifiques et les viticulteurs

La Drosophila suzukii a un nom qui peut faire sourire. Mais, pour les producteurs de fruits et les viticulteurs, cette mouche venue d’Asie est extrêmement inquiétante.

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Qui est Drosophila suzukii ?

Jusqu’à présent, on connaissait bien Drosophila melanogaster, plus communément appelée "mouche du vinaigre", qui s’attaque aux fruits abîmés.
Mais, sa cousine Drosophila suzukii s'attaque à des fruits sains qui sont presque à maturité. Elle possède, en effet, "un appendice qui lui permet de percer la peau des fruits et de pondre ses oeufs à l'intérieur", explique Jean-Luc Gatti, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) à Sophia-Antipolis, dans les Alpes-Maritimes. Cela provoque une perte de rendement importante et une dégradation de la qualité de la récolte.

Drosophila suzukii, qui apprécie les fruits rouges et la vigne, est originaire d’Asie. Elle porte le nom de l'entomologiste japonais qui l'a découverte il y a près d'un siècle.
Après avoir conquis l'Italie et l'Espagne à la fin des années 2000, ce nouvel envahisseur est arrivé en Corse en 2010, avant de s’installer dans la vallée du Rhône et dans le Bordelais.
Cette année, en continuant sa montée vers le nord, Drosophila suzukii est arrivée dans le Beaujolais et en Bourgogne. Actuellement, tous les pays du sud de l'Europe sont touchés et les pays de l'Est commencent à l'être.


Pourquoi Drosophila suzukii inquiète-t-elle de plus en plus ?

Cette mouche, qui aime l'humidité, a bénéficié cette année d’un hiver doux et d’un été humide. Elle a une prédilection pour les vignobles d'Alsace, de Bourgogne et du Bordelais. Les dégâts sont variables et les vignerons les plus touchés auraient subi une perte de volume global de 20%.

En Bourgogne, "quelques bouts de parcelles" ont été "très touchés", rapporte un responsable du Bureau interprofessionnel, Jean-Philippe Gervais. Celui-ci refuse tout alarmisme pour les prochains millésimes, mais il déplore "un souci de plus pour les viticulteurs".

"On est pris un peu par surprise, c'est une espèce menaçante qu'il va falloir suivre. Ce n'est pas aujourd'hui un problème majeur pour le vignoble mais cela reste néanmoins inquiétant", estime Denis Thiéry, à l'Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) de Bordeaux.

"Peut-être que l'an prochain les conditions climatiques limiteront sa profusion. Des parasites pourraient exister dans le vignoble pour réguler sa population, mais elle n'a pas de prédateur connu en Europe", souligne le chercheur.


Comment peut-on lutter contre Drosophila suzukii ?

Sur le terrain, les professionnels tentent de trouver des parades : pulvérisations de soufre et d'acide citrique, saupoudrage du vignoble à l'aide d'argile "car les femelles ne pondraient pas sur des baies poussiéreuses", indique Philippe Dulong, oenologue-conseil à Cadillac, en Gironde.
Sur les vendanges réalisées à la machine, il conseille de "jeter le jus de la benne" et d'effectuer des fermentations cuve ouverte pour éliminer l'acide acétique, qui s'évapore lors de la fermentation. Ainsi "il n'y a pas d'incidence gustative", assure-t-il.

Le ministère de l'Agriculture a classé en 2012 la Drosophila suzukii parmi les insectes endémiques. Un groupe technique national a été mis en place pour, au-delà du suivi épidémiologique, coordonner les études et expérimentations destinées à améliorer sa maîtrise.
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