Le groupe nucléaire en difficulté Areva a reporté de 24 heures la publication de ses résultats annuels en raison de la conclusion d'un accord bancaire, qui doit lui permettre de faire face à une importante échéance obligataire.
Pourquoi ce délai supplémentaire de 24 heures ?
"Areva venant de trouver un accord avec six banques prêteuses sur un crédit relais de 1,1 milliard d'euros destiné à assurer la liquidité de l'entreprise pour l'exercice 2016, le conseil a décidé de différer de 24 heures l'arrêté des comptes pour permettre la finalisation de la documentation technique afférente à ces financements", a annoncé le groupe jeudi 25 février 2016."En conséquence, la publication des résultats 2015 a été reportée de 24 heures", a ajouté le groupe nucléaire. Initialement prévue jeudi avant l'ouverture de la Bourse de Paris, la publication des résultats aura donc lieu vendredi 26 février au matin.
Quel est le montant de la dette d’Areva ?
Dans la foulée de cette annonce, la cotation d'Areva a été suspendue à la Bourse de Paris "à la demande de l'Autorité des marchés financiers", après avoir clôturé à 3,68 euros mercredi soir, a précisé Euronext. Le gendarme des marchés s'est refusé à tout commentaire.Ce nouveau prêt permettra au groupe endetté à hauteur de 6 milliards à fin juin 2015 de rembourser environ 1,3 milliard d'euros de dettes cette année, dont un emprunt obligataire à échéance en septembre. Il donnera un peu de répit à l'ex-fleuron français de l'atome, engagé dans un plan de sauvetage à deux volets pour assurer sa survie.
CP - Deux étapes clefs du refinancement d’#AREVA enclenchées https://t.co/AdIiNKXyFR
— AREVA France (@AREVAfr) 27 Janvier 2016
Que prévoit le plan de sauvetage ?
- Le premier volet prévoit la cession d'au moins 51% de son activité de construction et de services aux réacteurs (Areva NP) à EDF sur la base d'une valorisation de 2,5 milliards d'euros. Areva en conserverait au moins 15% tandis qu'une participation minoritaire serait cédée à des investisseurs asiatiques.
Mais l'opération, dont la réalisation est prévue en 2017, butte encore sur le dossier du réacteur EPR en construction à Olkiluoto, en Finlande (OL3), un chantier qui accumule les déboires.
- Le deuxième volet du sauvetage d'Areva prévoit une augmentation de capital de 5 milliards d'euros à laquelle participeront l'Etat français, son actionnaire principal à hauteur de 86,5%. Des investisseurs minoritaires sont également conviés au tour de table.
A combien se chiffrent les pertes de 2015 ?
En pleine restructuration, l'ex-fleuron français du nucléaire a déjà prévenu que ses comptes enregistreraient une "forte perte" en 2015 en raison notamment de nouvelles provisions sur des contrats dans les activités réacteurs, notamment le chantier de l'EPR en Finlande (OL3). Cette perte se chiffrerait entre 1 et 1,5 milliard d'euros, selon des informations de presse, après un déficit record de 4,8 milliards d'euros en 2014.Une fois délesté de ses activités réacteurs, le nouvel Areva se recentrera sur le cycle du combustible nucléaire (extraction, transformation et recyclage de l'uranium) et verra sa taille divisée par deux : il emploiera environ 20 000 personnes pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 4 milliards d'euros (contre 8,3 milliards en 2014).
La restructuration du groupe aura des impacts sur l’emploi des établissements d’Areva NP en Saône-et-Loire (Saint-Marcel, Chalon Services et Creusot Forge).