Du "Marin" à "Voiles et voiliers", Ouest-France a entrepris de restructurer son pôle mer déficitaire, dans l'espoir de ramener cet ensemble de titres à l'équilibre en 2016, indique Jean-Paul Boucher, directeur général délégué du groupe.
Premier signe concret des changements en cours, "Voiles et voiliers", le plus gros morceau du pôle mer en termes de chiffre d'affaires, vient de sortir son premier numéro "rennais" après avoir déménagé sa rédaction de Paris au siège du premier quotidien français à Rennes.
Licenciements économiques
Ce numéro 530 du mensuel des passionnés de voile, avec le visage de Florence Arthaud en couverture, "n'a rien à envier aux précédents", assure Jean-Paul Boucher, qui a pourtant dû se résoudre à voir partir huit des 10 journalistes permanents qui composaient la rédaction. Les jouirnalistes ont accusé la direction d'avoir voulu "torpiller" le magazine à la faveur du déménagement en Bretagne, ces derniers ont fait l'objet d'un licenciement économique le mois dernier. "Le déménagement permet d'engranger des économies substantielles", fait valoir M. Boucher, qui rappelle que Voiles et Voiliers, qui tire à 49.000 exemplaires, "avait accumulé des niveaux de pertes très importants". Le titre a subi en 2008 "le double choc" de la crise du nautisme, qui a fait plonger ses recettes publicitaires, et celle de la presse magazine, explique le responsable du pôle mer d'Ouest-France.Crise de la presse écrite
"En cinq ou six ans, Voiles et voiliers a perdu la moitié de ses recettes publicitaires, même si les abonnements résistent", ajoute-t-il. Le regroupement de la rédaction dans Infomer, la filiale d'Ouest-France qui réunit les titres spécialisés dans le maritime, permet de mutualiser les services administratifs et commerciaux tout en conservant une rédaction de 10 personnes, épaulée par de nombreux collaborateurs pigistes, souligne-t-il. Un nouveau rédacteur en chef adjoint, Loïc Madeline, transfuge du concurrent Voile magazine, a rejoint l'équipe. Le déménagement "a été extrêmement compliqué" reconnaît M. Boucher, "mais il y a maintenant une équipe qui tient bien en mains le bateau".Miser sur l'événementiel
Le redressement attendu de Voiles et voiliers doit aller de pair avec celui de l'ensemble du pôle mer, qui, avec un effectif de 70 personnes et un chiffre d'affaires de l'ordre de 15 millions d'euros, se trouve dans "une situation difficile" financièrement, comme le reconnaît Jean-Paul Boucher. Le Marin, hebdomadaire de l'économie maritime (9.000 exemplaires), perd de l'argent, et mise sur le numérique pour diversifier son lectorat. Le titre vient de lancer une lettre d'information quotidienne, facturée 8 euros par mois, qui rassemble 1.800 lecteurs. Le mensuel Chasse marée (12.000 exemplaires) se diversifie dans la vente par correspondance avec un catalogue d'objets ou de produits alimentaires en lien avec l'océan. Le catalogue rapporte presque autant que le mensuel. Le groupe de presse régional mise aussi sur l'événementiel pour redresser les comptes. Le Marin se charge ainsi d'organiser les Assises nationales de l'économie maritime et du littoral ou encore les Assises de la pêche, dont la prochaine édition est prévue à Boulogne-sur-Mer en juin.Infomer regroupe aussi des petits titres "de niche" rentables, tirant à quelques milliers d'exemplaires, mais dont le lectorat est stable, comme les mensuels "Produits de la mer" destiné aux professionnels de la transformation alimentaire, ou "Cultures marines" pour le secteur de la conchyliculture. Pour les passionnés des bateaux de commerce, Infomer propose le trimestriel "Navires et marine marchande" ou encore "Marine et force navale", pour les fous de bateaux de guerre.