Le conservatoire botanique national de Brest tire la sonnette d'alarme. 2589 plantes sont identifiées en Bretagne, parmi elles des espèces propres à la région et d'autres venues d'ailleurs. 20 % des espèces "locales"sont menacées ou ont déjà disparu.
La flore bretonne menacée, c'est le constat du conservatoire botanique national de Brest. Son équipe vient d'établir une liste avec des données concrètes de localisation des espèces, fruit de 25 ans de recherche. 2589 plantes sont identifiées en Bretagne dont 1452 propres à la région. 20 % d'entre elles sont menacées ou n'existent plus. À noter que botanistes professionnels et bénévoles ont permis ce travail d'identification loin d'être encore exhaustif.Un éco-système bouleversé
Emmanuel Quéré, botaniste du conservatoire explique les raisons de ces disparitions : "Les espèces poussent dans des milieux qui leur sont propres, des zones de tourbières, de dunes. Les évolutions des pratiques agricoles ou humaines avec l'urbanisation ont totalement bouleversé ces milieux, soit en les modifiant, soit en les détruisant."
Aujourd'hui, la menace pèse en particulier dans les milieux littoraux, les zones humides et les milieux agricoles non intensifs comme les prairies "naturelles".
Emmanuel Quéré ajoute : "chaque espèce fait partie d'un milieu, quand elle disparaît elle entraîne avec elle d'autres formes de vie, des animaux, d'autres plantes."
Protection rapprochée pour certaines plantes
Quelles solutions pour éviter ce phénomène ? Le conservatoire botanique national de Brest garde un seul objectif en tête : la conservation de ces espèces, dans la nature. "On travaille à la conservation en partenariat avec les acteurs concernés. Par exemple, si un propriétaire possède une espèce sur un terrain, on voit avec lui s'il doit changer ses pratiques."
Parmi les espèces concernées, le panicaut vivipare. Ce dernier ne subsiste plus que dans un seul endroit dans le Morbihan. Cette plante rarissime figure parmi les plus menacées au monde. Elle ne pousse que dans deux endroits en Europe : au nord de l'Espagne, et dans notre région, plus précisément dans la Ria d'Etel. Elle fait l'objet d'une protection rappprochée car l'objectif des scientifiques à terme est de la réintroduire dans d'autres sites.
Un reportage de I. Rettig, A. Billet, D. Frasez / avec Yvon Guillevic, Conservateur de la réserve - Bretagne Vivante et Pauline Rascle, étudiante en biologie de la conservation Université de Bretagne Occidentale / reportage diffusé en août 2015
Pour Emmanuel Quéré, avoir ce genre de données permettra d'avoir le plus de recul possible pour éviter le risque de disparition et mettre en place des programmes de conservation. Dans 10 ans, il faudra réévaluer la situation, "un laps de temps suffisant pour tirer des conclusions".