C’est un travail de fourmi que mènent les membres de la Société Archéologique Maritime du Morbihan. Ces bénévoles tentent de retrouver l’Espérance, un navire de la Compagnie des Indes qui a sombré près des Glénan en 1751. Mais jusqu’à présent, aucune trace du bateau.

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Ils se sont installés pour plusieurs jours sur l’île St Nicolas, dans l’archipel des Glénan. Une maison leur a été prêtée par la mairie de Fouesnant ou ils ont pu disposer tout leur matériel : bouteilles de plongée, cartes, ordinateurs, des vivres aussi (avec un cuisinier !) et puis bien sûr, amarrés à la jetée, plusieurs bateaux qui leur permettent de mener à bien leur exploration. Car les membres de la SAMM (Société Archéologique Maritime du Morbihan) y croient dur comme fer : ils vont trouver des vestiges de l’Espérance.

Cela fait six ans qu’ils passent des heures, le nez dans les archives et les écrits laissés par les marins et le commandant du bateau, Pierre de la Vigne Buisson. Six ans qu’ils plongent près des îlots à la recherche du moindre indice. Cette fois-ci, ils pensent enfin avoir délimité la zone ou l’Espérance aurait sombré en 1751.

Le voyage de l’Espérance

L’Espérance, 850 tonneaux, 18 pieds de long (environ 50m), 143 hommes d’équipage. L’un des navires de la fameuse Compagnie des Indes qui a fait la fortune de Lorient aux 17ème et 18ème siècles. Comme tous les bateaux de la Compagnie, l’Espérance a été construit pour sillonner les mers du globe et ramener dans le Royaume de France des marchandises rares et précieuses.

Le 27 juillet 1748, il quitte Lorient, direction les Indes et plus précisément, le Bengale. Le voyage via le Brésil et le Cap de Bonne Espérance à la pointe de l’Afrique, va durer dix mois. L’Espérance remonte ensuite le Gange pour aller charger au Bengale des bois exotiques, comme le bois de sapan, du poivre, du salpêtre mais aussi des textiles : des cotonnades peintes appelées Indiennes, très prisées en Europe à l’époque, malgré la prohibition.

Le retour sera un véritable cauchemar pour l’équipage. Le bateau est en mauvais état. Il doit faire demi-tour dans les Mascareignes pour réparer sur l’Ile Maurice, appelée alors l’Ile de France. Une escale qui va durer neuf mois. Puis le bateau repart avant de faire une nouvelle halte technique à Ste Hélène. Il arrive finalement au large des côtes françaises près de deux années après son départ des Indes, en mars 1751. Le 23 mars, alors qu’une brume recouvre la mer, le bateau talonne dans les rochers près des Glénan. Où précisément ?  Nul ne le sait. Mais l’équipage à la vie sauve car il parvient à se réfugier sur l’un des îlots. Un quart de la cargaison est récupéré grâce à des navettes mises en place entre le bateau et les îles durant 5 mois. Mais l’Espérance finit par sombrer avec une grosse partie de son chargement.
Où se cache l’espérance ? Au fond de l’eau ? Près de l’archipel des Glénan ? Ce navire appartenait à la compagnie des Indes. C’est à son retour du Bengale en 1751, que le navire a coulé avec une partie de sa cargaison. L’épave n’a jamais pu être localisée. Une campagne de prospection des fonds marins vient d’être lancée. Lieu : Les Glénan (29) Intervenants : Hervé Sévère, plongeur de la SAMM - Brigitte Nicolas, conservatrice du Musée de la Compagnie des Indes - Thierry Normant, responsable magnétométrie SAMM - Jean-Maurice Authié, chef des opérations sous-marines SAMM - Claude Rabault, archiviste SAMM

Des recherches longues et difficiles

270 ans plus tard, l’épave ou ce qu’il en reste n’a toujours pas été retrouvé. Une campagne de prospection a été menée il y a 20 ans, sans résultat. Mais les membres de la SAMM en sont convaincus : l’épave est bien là, quelque part près de l’archipel. Quant à savoir dans quel état, là est toute la question. Même chose pour la cargaison qui n’a peut-être pas survécu à un aussi long bain de mer.

Pourtant la SAMM a bon espoir de retrouver au moins quelques preuves de la présence du navire dans les eaux des Glénan. Cette année, elle a d’ailleurs obtenu l’autorisation du DRASSM, le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, pour mener une opération de prospection magnétométrique dans une zone de 10km2. Le magnétomètre, c’est une sorte de radar traîné par un bateau qui détecte toutes les anomalies métalliques au fond de la mer. Grâce à un maillage précis, rien n’échappe à l’appareil. Il suffit ensuite de cartographier les anomalies pour permettre aux plongeurs de les retrouver facilement et d’aller les étudier de plus près. Cette semaine, grâce à ce procédé, ils ont déjà pu découvrir trois pièces en fer et deux boulets. Mais rien ne dit s’ils proviennent ou non de l’Espérance tout comme les trois ancres et le canon découverts en 2014 au cours d’une plongée.

Un mois de prospection

La campagne de prospection devrait se poursuivre jusqu’au 15 juin. Si elle s’avère positive, de nouvelles recherches pourraient avoir lieu l’an prochain et les années suivantes et donner lieu, un jour peut-être, à de véritables fouilles archéologiques.

Peu de navires de la Compagnie des Indes ont sombré près des côtes françaises et retrouver des vestiges de l’Espérance serait un plus pour les chercheurs. Quant à la découverte d’un « trésor », cela  reste pour l’instant de l’ordre du rêve. Un rêve auquel, pourtant, tout le monde veut croire.
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