Le nouveau centre d'enfouissement des déchets prévu à Stencia (Corse-du-Sud) suscite l'inquiétude des habitants et des exploitants agricoles. Lors d'une réunion publique houleuse, le porteur du projet a tenté d'en défendre la nécessité. Mais les riverains espèrent bien empêcher son installation.
"Foutez le camp !" "Vous avez rien à faire ici, c’est la terre de nos aïeux que vous venez souiller ! Vous nous la souillez !" Dire que le nouveau projet de centre d’enfouissement d’ordures ménagères à Stencia, près de Bonifacio, suscite la colère des riverains serait un euphémisme.
L’enquête publique a commencé il y a à peine quelques jours et habitants et exploitants agricoles ont déjà réservé un accueil tout particulier au porteur du projet, venu présenter le nouveau système d’enfouissement des déchets.
Le site de Tallone bientôt saturé
"Pourquoi vous confierait-on un million de tonnes de déchets si vous n’avez pas la compétence pour les traiter ?", lance un riverain. Dans la salle les questions fusent et la réunion est régulièrement interrompue par les irruptions d’opposants au projet.
Pour le porteur du projet, Pierre de Dietrich, PDG de Priade, il y a pourtant urgence. "La Corse va être dans les mois à venir en situation de manque de traitement et pas simplement pour quelques milliers de tonnes mais pour presque cent mille tonnes", explique-t-il.
L’installation à Stencia doit permettre de remplacer le centre d’enfouissement de Tallone, bientôt saturé. Mais le terrain de 21 hectares jouxte espaces naturels protégés et pâturages en exploitation. Une configuration qui rend la situation explosive.
L'étang de Balistre, future victime du centre d'enfouissement?
"Si une structure pareil se met en place, nous on est obligé d’abandonner. Déjà du fait du va-et-vient des camions, les brebis ne resteront pas tranquilles, ça c’est certain", s’affole Noël Roghe, exploitant agricole à Stencia.
"Ces fameux bacs étanches fuiront un jour ou l’autre. En aval on a l’étang de Balistre, la lagune de Balistre qui est une réserve naturelle, qui est en passe de passer au patrimoine de l’humanité", complète Jean-Marc Culioli, habitant de Poggiu d'Olmu, village situé à moins de deux kilomètres du futur site d’enfouissement des déchets.
Une pétition par internet recueille déjà 300 signatures.
Reportage: Marie-France Giuliani et Stéphane Agostini