Il sera bientôt possible de construire dans les zones d'intérêts écologiques faunistiques et floristiques en Corse. Le PADDUC s'apprête à lever leur inconstructibilité, une exception insulaire. Une nouvelle qui aiguise les appétits des promoteurs immobiliers autant qu'elle inquiète les écologistes.
L’inquiétude monte chez les écologistes, alors que le Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse (PADDUC) s’apprête à lever l’inconstructibilité des zones d’intérêts écologiques faunistiques et floristique de type 1 (ZNIEFF).
Depuis 1992, il est interdit de construire dans ces zones à fort intérêt écologique en Corse. Une exception insulaire sur laquelle le Padduc serait prêt à revenir, aiguisant les appétits des promoteurs immobiliers. Dans de nombreuses régions protégées de l’île, des projets pharaoniques sont prêts à sortir de terre dès que l’interdiction de construire sera levée.
Golfs 18 trous, hôtels de luxe et villas avec piscines
A Coti-Chiavari, en Corse du Sud, par exemple c’est un hameau typique organisé autour d’un esplanade bordée de galeries commerciales ainsi qu’un golf 18 trous, deux hôtels de luxe et 50 villas de 400 mètres carré chacune (avec piscines) qui sont prévus.
Les militants écologistes redoutent l’impact de tels projets sur les faunes rares et "toujours à protéger pour la biodiversité" présentes dans les ZNIEFF. Et dénoncent les desseins des entreprises immobilières dans d’autres zones protégées de Corse du Sud comme la colline d’Arone à Piana ou la tour de Capitello à Grosseto-Pugna.
Le revirement de l'Etat
"La Corse est grande, la Corse est encore très peu peuplée, la Corse a beaucoup de possibilités au niveau des lieux de construction. Mais si les promoteurs veulent choisir ces lieux là, c’est parce qu’ils sont les plus beaux. C’est parce qu’ils sont très riches avec une vue sur la mer de manière imprenable", décrypte Michèle Saloti, présidente du collectif pour la loi littorale.
Derrière la levée de l’inconstructibilité des ZNIEFF, s’est joué un revirement. Celui de l’Etat. En 1992, ce sont ses services qui inscrivaient la préservation des zones d’intérêt d’écologique au schéma d’aménagement. Aujourd’hui, ce sont eux qui incitent les élus à réduire leur portée…
Reportage: Marie-France Giuliani et Sylvie Wolinsky
Interview: Stéphane Usciati