Nîmes: le CA Bastia "totalement étranger" aux soupçons de matches de L2 truqués

Le foot français a basculé mardi dans la rubrique judiciaire avec des soupçons de matches truqués en Ligue 2 la saison passée, pesant sur les Crocos du Nîmes Olympique. Dans un communiqué, le CA Bastia s'est déclaré "totalement étranger" à ces faits de corruption.

Au coeur de l'enquête: des matches de Nîmes, qui "aurait exercé des pressions et proposé des arrangements" afin "d'éviter la rétrogradation" la saison dernière, selon des sources proches de l'enquête.

Une série de perquisitions a été menée mardi matin à Nîmes (L2), Caen (aujourd'hui en L1) et Dijon (L2). Avec à la clé une dizaine d'interpellations et huit gardes à vue, dont celles de l'actuel président du Nîmes Olympique Jean-Marc Conrad, du président de Caen Jean-François Fortin et de l'entraîneur de Dijon Olivier Dall'Oglio.

Nîmes au centre des soupçons de matches truqués

La figure centrale du dossier est l'actionnaire principal du Nîmes Olympique, Serge Kasparian, écroué dans l'affaire du cercle de jeux Cadet, à Paris.

En enquêtant sur le cercle, les enquêteurs du Service central des courses et jeux (SCCJ) ont eu la conviction que des matches de foot avaient "été truqués" lors de la dernière saison.

Les faits visent des actes de présumée "corruption active et passive". En clair, les enquêteurs se demandent si Kasparian n'a pas tenté d'arranger des matches pour que Nîmes reste en L2, ce qui était crucial pour lui au moment où il était en train d'entrer dans le capital du club.

Parmi les matches suspects, un Caen-Nîmes du 13 mai. Le résultat nul (1-1) avait permis à Caen de faire un grand pas vers la montée en L1 et à Nîmes de quasiment assurer son maintien.

Le Canard enchaîné publie dans son édition de mercredi des extraits d'écoutes téléphoniques qui attesteraient des faits. Des cadeaux, de l'argent, que Jean-Marc Conrad aurait distribués pour s'assurer le maintien de son club.

Antoine Emmanuelli, président du CAB; Jean-Sébastien de Casalta, avocat du CAB. EQUIPE: Christine Chiron, Daniel Bansard, Jacques Antomarchi


Le match CA Bastia / Nîmes dans le collimateur des enquêteurs

Autre match dans le collimateur des enquêteurs, celui entre le le CA Bastia et Nîmes, le 12 avril 2014, révèle Le Canard Enchaîné. La veille de la rencontre, Jean-Marc Conrad, aurait rencontré dans un hôtel son homologue corse, Antoine Emmanuelli, pour tenter de le convaincre de laisser match gagné aux Nîmois. 

Mais les négociations échouent. "C’est compliqué… Demain, il y a le maire de Bastia qui sera là, le président du conseil régional, c’est un nationaliste ! On a bien discuté… Mais ils ont eu des problèmes avec la brigade des jeux sur des paris", aurait avoué Jean-Marc Conrad. Le club nîmois était pourtant prêt à verser 50.000 euros au club corse, et la même somme pour les joueurs.

Des accusations de tentative de corruption que dément fermement le club corse, dans un communiqué paru le 18 novembre sur son site internet. "Le club, son Président et ses dirigeants n'ont d'ailleurs fait l'objet d'aucune mesure d'investigation coercitive dans cette affaire" précise le CA Bastia. 

Entendu comme simple témoin dans ce dossier, Antoine Emmanuelli est revenu sur le dîner de veille de match avec le président nîmois, évoqué par Le Canard enchaîné, indiquant qu'il était prévue de longue date, avant même que Jean-Marc Conrad ne reprenne le Nîmes Olympique.

"On a parlé de banalité, de sport, de football, dans quel état d'esprit on était par rapport à notre situation" a indiqué Antoine Emmanuelli, au cours d'une soirée où il n'aurait jamais été question d'argent.  

Le fantôme d'OM-VA

Pour l'instant, l'affaire de la L2 n'en est qu'au stade des soupçons. Mais l'épisode fait resurgir le souvenir du match truqué Marseille-Valenciennes, en 1993, qui avait provoqué le plus grand scandale du foot français. En cause: un match de Championnat remporté 1-0 à Valenciennes par des Marseillais soucieux de préserver leurs forces six jours avant la finale victorieuse de la C1 à Munich.

Un cauchemar qui donne encore des sueurs froides aux instances du foot: la corruption et les soupçons de truquage sont "un poison mortel", a tonné le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez. Et de lancer cette mise en garde: si les soupçons de truquage sont avérés, la Ligue prononcera des sanctions pouvant aller jusqu'à la radiation.
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