Au lendemain du blocage de plusieurs lycées en Corse, une manifestation doit avoir lieu mercredi après-midi à Corte à l'appel de l'organisation Ghjuventu Indipendantista (Jeunesse indépendantiste), qui dénonce "le racisme anti-Corse et le mépris de la langue corse".
Dès mercredi matin à Ajaccio, une centaine de lycéens a défilé sous une pluie battante, le drapeau Corse en tête de cortège.
Depuis les incidents du match de Ligue 1 Nice-Bastia et l'interdiction prise le 25 octobre de la Ligue de football professionnel (LFP) d'arborer tout drapeau lors des protocoles d'avant-match, l'emblème à tête de Maure, "A bandera", est devenu un sujet de tensions croissantes.
"A bandera" au coeur de la polémique
La polémique était née une semaine plus tôt: le 18 octobre, des échauffourées avaient eu lieu sur le terrain de Nice après que le second gardien de Bastia, Jean-Louis Leca, eut brandi le drapeau corse pour célébrer la victoire 1-0 de son club, alors qu'un arrêté avait été pris interdisant tout symbole "à l’effigie de la Corse". Son geste avait été qualifié de "provocation" par le député-maire de Nice, Christian Estrosi, terme que le Sporting avait réfuté avec vigueur.La tension était montée d'un cran après les deux matches du 25 octobre, où Ajaccio et Bastia avaient muni de drapeaux corses les enfants qui ont accompagné les joueurs entrant sur le terrain.
"Notre drapeau ne symbolise aucune revendication politique, l'AC Ajaccio ne fait pas de politique et n'en fera jamais car cela n'est nullement sa vocation", avait indiqué le président de l'ACA, Alain Orsoni, sur le site du club. Mais les Corses ont, "comme tous, le droit au respect" et ont "le droit inaliénable d'exiger que leur drapeau soit respecté comme doivent l'être tous les autres!", estimait Alain Orsoni, ancienne figure du nationalisme corse.
- 'Ostracisme' -
De son côté, la LFP avait réagi dans un communiqué, en soulignant qu'elle "n'a jamais interdit et n'interdira jamais les drapeaux dans les stades, qu'ils soient corses, bretons, basques ou encore occitans, avant, pendant ou après les matches" mais qu' "il y a bien un protocole d'avant-match à respecter, comme le font la FIFA et l'UEFA".
Du terrain sportif au terrain politique
Cette controverse dépasse désormais le terrain sportif. Alors que seuls les nationalistes avaient réagi après les critiques envers Jean-Louis Leca, d'autres formations politiques insulaires se sont exprimées depuis pour dénoncer une "stigmatisation", voire une "ségrégation" anti-corses.Le député-maire d'Ajaccio, Laurent Marcangeli (UMP), a publiquement interpellé le ministre des Sports, Patrick Kanner, pour lui demander si "la bandera" constitue une atteinte à la l'esprit du sport et à la sécurité publique".
Dans un communiqué, les élus du groupe "Corse Social-Démocrate", qui appartient à la majorité de gauche de l'Assemblée de Corse, se sont "élevés avec force et détermination contre cet ostracisme à l'encontre des Corses, de la Corse et de son identité".
Dénonçant "la stigmatisation de l’ensemble d’une communauté, en l’espèce le peuple corse", le maire de Bastia Gilles Simeoni a introduit un recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.