Comment un détenu a-t-il pu mettre fin à ses jours à la prison de Borgo ? C'est la question que se pose la famille d'Ali Largo, après le décès de ce jeune homme de 27 ans, dont la fragilité psychologique était connue de l'administration pénitentiaire. Une enquête a été ouverte.
Ali Largo aurait dû sortir de prison en juin. Il y est mort le 15 avril. Mis en examen pour trafic de stupéfiants, son avocate était plutôt optimiste sur la fin de sa détention provisoire.
A son arrivée en milieu carcéral, en décembre 2014, Ali Largo avait demandé l'isolement. A l'écart des 220 autres prisonniers, c'est un petit couloir où quatre détenus, chacun en cellule, sont sous la surveillance permanente de deux gardiens. Et c'est là qu'il s'est pendu.
"Comment peut-on avoir un drap que l'on peut déchirer (…) alors qu'ils [les détenus] sont censés avoir un kit anti suicide", dénonce les sœurs de la victime. Selon sa famille, Ali Largo était pourtant fiché par l'administration comme "ayant des tendances suicidaires".
Les premiers éléments de l'enquête ont mis en évidence que le détenu avait été hospitalisé à la clinique psychiatrique de San Ornellu, le week-end précédant et que quelques heures avant son geste, un parloir avec sa petite amie se serait mal déroulé.
Une information judiciaire a été ouverte. Les soeurs d'Ali Largo ont indiqué ne pas vouloir laisser le dossier sans suite.
La France présente un taux de suicide carcéral deux fois plus élevé que la moyenne européenne, de 16 pour 10.000 détenus.
En 50 ans, le taux de suicide dans les prisons françaises a quintuplé, alors qu'il a peu évolué dans la population générale, selon une étude de l'Ined, l’Institut national d’études démographiques.
"Les prévenus se suicident deux fois plus que les condamnés et la fréquence des suicides varie en fonction de la gravité de l'infraction commise (…) et le rôle d'événements concomitants au suicide qui relèvent de la famille (rupture d'union, éloignement des enfants)", rappelle l'Ined.
Reportage de Florence Antomarchi, Sarah Ennemoser, Mireille Serkissian-Ceccarelli