Pour des raisons budgétaires, les deux Tracker habituellement installés à l'aéroport de Bastia-Poretta seront positionnés sur la base aérienne de Ventiseri-Solenzara cet été. La décision du ministère de l'Intérieur inquiète les pompiers.
Délai d'intervention rallongé
Le ministère de l’Intérieur explique vouloir mutualiser les moyens avec le ministère de la Défense. Le coût technique serait moins important selon le ministère, mais l'économie s'arrête là. Selon nos informations, les pilotes ne seraient pas logés sur la base jugée "trop bruyante", mais dans un hôtel à proximité.L'inquiétude des pompiers portent sur le délai d'intervention en cas d'incendie en Balagne et dans le Cap Corse, qui subissent une forte pression incendiaire durant l'été.
Une fois les Tracker basés sur la BA 126 de Ventiseri-Solenzara, le délai d'intervention dans ces deux secteurs sera rallongé d'une dizaine de minutes.
Sur ce point, le ministère de l'Intérieur se veut rassurant. Si le bilan d'intervention des Tracker durant l'été 2015 n'était pas satisfaisante, les Tracker retrouveraient la base historique de Poretta pour la saison 2016.
Des locaux insalubres
Le service départemental d’incendie et de secours de la Haute-Corse (SDIS 2B) ne digère pas une décision ministérielle dont il aurait été écarté, alors qu'il assure chaque année à Poretta l'entretien des locaux dédiés aux pilotes et aux mécaniciens des Tracker. Des bâtiments propriétés de l'Etat."Il s'agit de rafraîchissements, de peintures, de clim, etc", explique Joël Mateos porte-parole du syndicat "Avenir Secours du SDIS 2B, "pour des sommes qui avoisinent les 10 à 15.000 euros chaque année". Un entretien d'autant plus indispensable que les locaux seraient insalubres selon le Syndicat national des personnels navigants de l'aéronautique civile (SNPNAC).
"C'est bourré de champignons, l'air est viscié (...) on ne peut pas y vivre et cela se sait depuis des années", déplore Stéphane Le Bars représentant du SNPNAC.
Mais la vétusté des installations de Poretta ne s'arrête pas à ces locaux. Si les Tracker devaient retrouver le tarmac de l'aéroport de Bastia-Poretta, une remise au norme de la cuve à retardant serait également nécessaire. Pour une enveloppe de 450.000 euros.
Reportage de Solange Graziani, Julien Lanchas, Stéphane Wislin
Joël Mateos, Syndicat Avenir Secours S.D.I.S 2B; Stéphane Le Bars, Syndicat national des pilotes de la sécurité civile