Dix-neuf jeunes nationalistes corses interpellés mardi matin dans le cadre d'une enquête sur une série d'incidents à Corte (Haute-Corse) en 2016 ont été remis en liberté en fin de journée sans charge retenue contre eux.
La plupart de ces personnes, qui ont été interrogées au camp de la gendarmerie de Borgo, près de Bastia, appartiennent au syndicat étudiant Ghjuventù Indipendentista (GI, Jeunesse indépendantiste).
Elles ont été arrêtées en début de matinée à Bastia, Corte, Ajaccio et leurs environs, ainsi qu'en Balagne et dans la plaine orientale (Haute-Corse).
Une série de rassemblements de soutien prévus dans toute l'île en fin de journée ont été annulés.
Le conseil d'administration de l'université de Corse avait protesté contre des arrestations, de même que les présidents de l'exécutif de la Collectivité territoriale, Gilles Simeoni, et de l'assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni.
Ces arrestations ont été effectuées sur commission rogatoire d'un juge d'instruction de Bastia dans le cadre d'enquêtes sur "une série d'incidents" dans la région de Corte en 2016, notamment "la découverte d'engins explosifs incendiaires".
"Il s'agissait en fait d'interroger ces jeunes sur leur engagement, sur leur environnement amical ou familial, voire de prélever leur ADN", a déclaré Gilles Simeoni après les remises en liberté.
Indignation des nationalistes au pouvoir
Dans un communiqué, Gilles Simeoni a exprimé son "refus d'une logique répressive et de méthodes incompatibles avec la nécessité de consolider la paix".Gilles Simeoni, qui s'est rendu devant le camp militaire de Borgo pour exprimer sa "solidarité" avec les jeunes interpellés, a ajouté que "aux plans politique, syndical, associatif, citoyen, la mobilisation et la solidarité ont été fortes et spontanées, ce qui montre bien que les Corses (...) refusent la logique de tension et d'affrontement."
Considérant que "cette situation porte en elle un potentiel important de dégradation et de risques politiques et conduit à une spirale d'affrontement que la Corse ne connaît que trop et dont elle ne veut plus", Gilles Simeoni a appelé à "désamorcer cette situation de tension, sans attendre un nouveau dérapage ou un nouvel incident."
Jean-Guy Talamoni a estimé dans un communiqué que la remise en liberté des 19 jeunes "confirme la fragilité du dossier", demandant à ce qu'il "soit mis fin à ces manœuvres irresponsables".
Rafles de jeunes Corses à 6 h du matin: des pratiques répressives inacceptables et incompatibles avec la nécessité de consolider la paix
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) March 7, 2017
Quand la Corse affirme sa volonté de paix et de justice, l'Etat français tente d'intimider nos jeunes : 19 interpellations ce matin. #Basta
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) March 7, 2017