Environ 50.000 personnes sont attendues en Corse pour les vacances de Noël. Une grande majorité va rejoindre sa famille et certains craignent de propager le virus sur l’île. Tests en amont, tablées réduites, ils nous font part des mesures qu'ils prendront sur place.
Avec le confinement, Véronique, qui vit sur le continent n’a pas pu rencontrer son petit-fils, Ange, né en Corse le 27 octobre dernier. Pour elle, le retour sur l’île pendant les vacances de noël revêt une importance particulière mais elle craint malgré tout de contribuer à une "éventuelle propagation du virus", ce qui la ferait "culpabiliser".
Quarante-huit heures avant son départ, Véronique va donc se faire tester. Positive ou pas, "si la contamination était en hausse j'annulerai mon voyage", dit-elle. Une fois arrivée à Porticcio, dans sa famille, elle portera un masque FFP2 en continu, évitera les rassemblements de plus de cinq personnes, gardera ses distances et évitera les embrassades avec les membres de sa famille.
Des retrouvailles en famille
Véronique fait partie des plus de 100 personnes qui ont répondu à notre appel à témoignages adressé à ceux qui se rendront en Corse pendant ces vacances de Noël. Une grande majorité (92% des répondants viendront retrouver leur famille), 49% sont inquiets de voir le virus se propager sur l’île car, comme le résume Catherine, "Tous les déplacements et regroupements augmentent le risque".Cet hiver, le flux de passager en direction de la Corse promet d’être important. "Les compagnies aériennes, principalement, ont évalué à 50.000 la masse des flux entrants", expliquait mardi Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge du social et de la santé dans Corse-Matin.
Les compagnies aériennes, principalement, ont évalué à 50.000 la masse des flux entrants
Parmi ceux qui nous ont répondu, beaucoup s’inquiètent d’une possible saturation des hôpitaux de Corse, d’autant plus que l’âge moyen de la population est plutôt élevée. Elodie est la plus virulente : "La Corse est un vrai désert médical. Les gens qui comptent s'y rendre en vacances vont ensuite retourner dans leurs villes avec tout le confort requis en terme de santé: nombreux hôpitaux suréquipés, 35 spécialistes en médecine de ville au mètre carré, etc... en laissant la population locale insulaire faire face à une crise sanitaire sans aucun moyens médicaux. La tension hospitalière en Corse frappe toutes les pathologies, pas que le Covid: cancérologie, chirurgie, cardiologie, etc.. L'accès aux soins est déjà honteux, on n'a pas besoin d'en rajouter une couche parce que des égoïstes ont envie de partir en vacances." Claire complète : "Si nous sommes frappés par une troisième vague ou allons nous envoyer nos malades ?"
Après le mois et demi de confinement, dans une solitude étudiante et sociale, il est vital pour moi de regagner le domicile parental
Mais pour la majorité, il était impensable de se déconfiner sans retrouver sa famille. "Après le mois et demi de confinement, dans une solitude étudiante et sociale, il est vital pour moi de regagner le domicile parental", détaille Mo’, 21 ans, qui étudie à Montpellier. Yoann abonde dans le même sens : plus que le virus, c’est "la dépression de ne pas pouvoir rentrer pour passer les fêtes en famille qui [l]’inquiète".
Lui qui n’est "pas particulièrement" préoccupé par la propagation du virus sur l’île fera malgré tout en sorte de respecter les gestes barrières, comme il le fait depuis le début de l’épidémie, de "très probablement" faire un test PCR avant son départ et de "voir le moins de personnes différentes pendant [s]on séjour et pour les fêtes".
Les tests, la meilleure solution ?
Les tests avant le départ, c’est une des solutions les plus évoquées par ceux qui s’apprêtent à rejoindre la Corse. Ils sont obligatoires entre l’Italie et la Corse et Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, voudrait voir cette mesure étendue aux liaisons entre la Corse et le continent. L’Agence régionale de Santé se dit également favorable à cette mesure dès le début des vacances, le 18 décembre au soir. Pascal Lelarge, préfet de Corse n’y semble pas opposé.Mais pour certains médecins, comme Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière,"le risque, c'est que le test donne une fausse impression de sécurité", dit-il à nos confrères de France info. "Un résultat négatif ne garantit pas que la personne n'est pas asymptomatique ou en phase d'incubation."
Le risque, c'est que le test donne une fausse impression de sécurité
Malgré tout, la généralisation des gestes barrières semble bien comprise par ceux qui souhaitent se rendre sur l’île pour Noël. Certains évoquent même la possibilité de se confiner strictement 15 jours avant leur départ pour minimiser les risques. C’est le cas de Marine, qui n’est pas rassurée pour autant."Ma mère est infirmière et mon père personne à risque, raconte-t-elle. Le fait de me retrouver enfermée quelques heures dans un avion, avec des ânes qui ne savent pas porter leurs masques correctement m’inquiète."
Du tourisme sans interactions
Ceux qui annoncent venir pour des raisons touristiques se rassurent, en se disant qu’ils verront le moins de monde possible. "Nous partons en famille et ne comptons pas côtoyer d'autres personnes et rester plutôt dans la nature ou dans notre logement", explique ainsi Elodie. Ali, qui part seul avec sa caravane, compte aussi limiter ses interactions.Les recommandations officielles pour passer Noël sans se contaminer sont les classiques gestes barrière, le téléchargement de l’application Tousanticovid ou encore l’aération des pièces. Le gouvernement préconise également de porter le masque avec ses proches ou de ne pas être plus de six adultes à table.
Mais pour limiter les risques, l’ARS de Corse envisage un renforcement de la stratégie de tests pour entrer sur l’île. La décision du gouvernement devrait être rendue publique en fin de semaine.