Lors des territoriales 2015, le chiffon rouge de l'indépendantisme agité par certains candidats n'a eu aucun impact sur l'issue du résultat. Est-ce à dire qu'en 30 ans, le mouvement nationaliste s'est normalisé ? Retour sur l'histoire des nationalistes à l'Assemblée de Corse.
Les nationalistes de Pè a Corsica ont remporté les élections territoriales 2015. Un vote historique qui donnent aux nationalistes et indépendantistes de la liste menée par Gilles Simeoni une majorité relative à l'Assemblée de Corse.
Dès dimanche soir, leurs adversaires ont admis leur défaite et le jeu démocratique sans volonté de faire barrage par des alliances contre nature. Cela n'a pas toujours été le cas dans l'histoire des nationalistes à l'Assemblée de Corse.
En 1982, à la veille de l'élection du premier président de l'Assemblée, Prosper Alfonsi, le FLNC effectuait près d'une centaine d'attentats lors de la nuit bleu la plus virulente que la Corse ait connue pour envoyer un message clair : non aux institutions françaises.
Mais une première assemblée régionale où les autonomistes avec neuf élus vont s'installer le 8 août 1982.
Dès 1984, la stratégie est différente pour les indépendantistes qui font leur entrée dans l'hémicycle avec trois élus à part égale avec les autonomistes de l'UPC.
En 1986 et 1988, les familles nationalistes ont toujours la parité et six élus. Entre-temps, en désaccord sur la lutte armée, les deux courants vont s'unir contre la politique de l'Etat français lors de la venue de Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur.
En 1992, alors que le statut Joxe mais après le rejet du conseil constitutionnel de la notion de peuple corse, c'est en force avec quatre groupes que 13 élus nationalistes sièges sur les bancs de l'Assemblée. Des élections marquées par la constitution d'un front républicain associant droite et radicaux pour faire barrage à l'envolée du vote nationaliste.
Mais la rivalité de pouvoir et des règlements de compte interne au sein du mouvement nationaliste laisseront des traces, avec le départ d'Edmond Simeoni, l'écroulement de la représentation nationalistes aux élections de 1998 avec cinq élus indépendantistes.
En 1999, le mouvement vit un tournant pour la normalisation à venir du courant nationaliste. Sous les présidences de José Rossi et Jean Baggioni, Jean-Guy Talamoni est élu président de la commission des affaires européennes.
En 2010, quinze élus nationalistes composent l'Assemblée de Corse, 11 modérés et 4 indépendantistes.
C'est lors de l'élection de 2015, que l'union se réalise entre les deux tours à travers un pacte entre les deux courants. Le seul mot d'ordre étant la concorde en oeuvrant pour le peuple corse.
Outre le long chemin parcouru par la famille nationaliste jusqu'à la prise de Bastia par Gilles Simeoni et juste avant l'annonce de l'abandon de la lutte armée par le FLNC, la classe politique traditionnelle a aussi participé à cette normalisation du message nationaliste avec des élus de tout bord, présents aux journées de Corte, des listes communes avec la gauche aux dernières municipales d'Ajaccio et Porto-Vecchio mais plus encore les avancées réalisées lors de la dernière mandature répondant à des revendications originelles : PADDUC, statut de résident, fiscalité, évolution institutionnelle, statut de coofficialité de la langue corse.