L'annonce de 100 nouveaux recrutements en CDI est un signe de bonne santé de l'entreprise Renault à Sandouville. Toutefois, pour les syndicats, le compte n'y est toujours pas. En 3 ans, l'usine a perdu 754 emplois.
VIDEO : le reportage d'Emilien David, Hervé Guiraudou et Marie Saint Jours avec les interviews de :- Jean-Luc Mabire, directeur de l'usine Renault Sandouville
- Nicolas Guermonprez, secrétaire général de la CGT Sandouville
- Fabien Gloaguen, délégué FO Renault Sandouville
L’effet "Trafic"
L'usine Renault de Sandouville près du Havre tourne à plein régime. D’ici à la fin de l’année, le constructeur automobile français entend recruter 100 personnes en CDI et 100 autres en CDD pour renforcer ses équipes. Une cinquantaine de salariés de l’usine Flexy France du groupe Technip du Trait seront par ailleurs mis à disposition du constructeur. "Ces recrutements font suite aux 183 embauches en CDI réalisées en 2015 et aux 122 CDI annoncés au mois d’avril 2016, portant à 405 le nombre de nouveaux collaborateurs sur le site", s’est félicitée mardi la direction de l'usine dans un communiqué.24/24
Pour faire face aux commandes qui affluent sur la gamme des utilitaires Trafic fabriqués à Sandouville, l’usine est repassée depuis septembre en "3X8". Cette réorganisation permet d’atteindre une production de 615 Renault Trafic par jour. La performance ne permet pas néanmoins de répondre aux carnets de commandes. Depuis l'accord de compétitivité, le site havrais s'est reconverti dans la fabrication de véhicules utilitaires pour la marque Renault mais également pour Fiat, Opel et Nissan.Fin août, Renault avait commercialisé 62.749 de ces fourgons soit 25% de plus qu’en 2015. Pour répondre à la demande, l’équipe de nuit doit être renforcée. Les embauches programmées feront passer cette cadence avant la fin de l’année à 650 véhicules par jour. La production annuelle pourrait ainsi atteindre cette année 115.000 véhicules.
Mise à disposition de salariés de Flexy France
Chez Flexy France, entreprise spécialisée dans la fabrication de tuyaux flexibles pour les champs pétroliers (1.000 salariés au Trait), cette mise à disposition se veut "la plus temporaire possible", assure la direction des ressources humaines. La mesure s’inscrit dans le cadre d’un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) de 242 salariés engagé au printemps. La filiale du groupe parapétrolier français Technip prévoyant par ailleurs une année 2017 "difficile".Le "oui mais" des syndicats
A Sandouville, le syndicat majoritaire FO salue sans bouder son plaisir ces recrutements "sur le site Renault qui embauche le plus". Signataire en 2013 du pacte de compétitivité dans l'entreprise, pacte qui gelait les salaires mais permettait de maintenir la production en France, FO souhaite néanmoins que le portage de salariés de Flexy France "ne vienne pas pénaliser les recrutements en 2017".Vincent Lefrançois se dit "d’accord" pour la solidarité mais avec "des limites". On est plus réservé à la CGT. "On peut se réjouir de ces embauches mais il faut se méfier des effets d’annonce", tempère Nicolas Guermonprez. Il rappelle qu’avant le pacte de compétitivité, l’usine comptait 2.425 salariés en activité. "A ce jour nous sommes 1.571 soit moins 754 emplois depuis l’accord", note le syndicaliste.
Par ailleurs, ajoute-t-il, l’usine comptait 1.384 intérimaires en janvier 2015 et ils étaient 1.628 fin août. Selon la CGT, l’usine aurait reçu sur ce point une mise en demeure de l’inspection du travail au titre qu’elle aurait trop souvent recours aux intérimaires. Pour FO, les intérimaires doivent passer a minima en CDD de manière à avoir "droit aux primes" et "l’accès au CE".