Sur quoi porte l'enquête ? Quand a-t-elle été ouverte ? Comment se défend le Front National ? Trois questions sur l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Lille portant sur des soupçons d'emplois fictifs au sein du groupe FN du conseil régional Nord Pas-de-Calais entre 2010 et 2015
Pourquoi et quand une enquête préliminaire a-t-elle été ouverte ?
Tout s'était fait jusqu'ici dans le secret. Le Parquet de Lille a finalement communiqué ce mercredi matin après les révélations du Canard Enchaîné dans son édition de mercredi. L'enuqête a été ouverte dès janvier 2016 et porte sur trois emplois, a affirmé le parquet de Lille à l'AFP. "Il s'agit d'une enquête initiée sur la base d'une lettre anonyme portant sur trois emplois, reçue fin novembre 2015 par le juge d'instruction de Paris qui nous l'a transmise pour compétence par l'intermédiaire de son parquet", a indiqué le parquet. "Le service d'enquête a été saisi en janvier 2016", a ajouté cette source avant de rappeler: "Ce n'est qu'à l'issue de cette enquête que le parquet décidera d'engager des poursuites, d'ouvrir une information ou de classer sans suite."On sait également que l'enquête a été ouverte après une dénonciation anonyme au parquet de Paris. "Le groupe Front national" à l'ex-région Nord Pas-de-Calais, alors présidé par Marine Le Pen, et David Rachline, l'actuel directeur de campagne de la candidate à l'élection présidentielle, "font partie des soupçonnés", a ajouté la source proche de l'enquête.
Sur quoi porte l'enquête ?
Selon Le Canard enchaîné, les magistrats soupçonnent Marine Le Pen "d'avoir préparé la campagne présidentielle de 2012 depuis le conseil régional, en utilisant les moyens humains et matériels de la collectivité". Quant à David Rachline, il "a été salarié par le groupe FN du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Alors que l'actuel sénateur-maire de Fréjus a été élu conseiller régional de Le Pen père en Paca", affirme Le Canard Enchaîné.David Rachline avait siégé à la région Paca dans la foulée des élections régionales de 2010, au moins jusqu'en 2014 lorsqu'il fut élu sénateur. Il a par ailleurs été conseiller municipal à Fréjus dès 2008, ville dont il est devenu maire en 2014. Selon sa "déclaration d'intérêts et d'activités" déposée le 28 novembre dernier auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), M. Rachline a perçu auprès du Conseil régional Nord-Pas-de-Calais 11 000 euros nets pour une courte période de trois mois en 2010 (de janvier à mars). Son travail ? "Assistant de groupe", précise ce document, disponible sur le site de cette instance. Au début des années 2010, M. Rachline était connu pour gérer l'activité numérique du parti frontiste, il a notamment été coordinateur de la campagne web de Marine Le Pen et secrétaire national à la communication numérique en 2011-2012.
"Il a vraiment été très discret: jamais croisé dans les couloirs ni dans l'ascenseur du conseil régional", a indiqué Dominique Plancke, conseiller régional EELV de 1998 à 2015, sur Twitter.
Il a vraiment été très discret : jamais croisé dans les couloirs ni dans l'ascenseur du conseil régional. https://t.co/nXk4zRt3M8
— Dominique Plancke (@domplancke) 4 avril 2017
Comment réagit le Front National ?
"Une enquête visant expressément la candidate et le directeur de campagne, je crois que l'attaque politique est signée !", a réagi auprès de l'AFP David Rachline. Sur CNews, ce mercredi matin, le directeur de campagne de Marine Le Pen a également expliqué : "C'était un contrat de 3 mois il y a 7 ans. On sort cette affaire quelques avant la présidentielle." Sur son compte Twitter, il a également publié une vidéo dans laquelle il affirme qu'on le voit présent dans l'hémicycle du Conseil régional Nord Pas-de-Calais. Elle a été tournée le 16 décembre 2010 et publiée sur le compte Dailymotion du Groupe FN au Conseil régional.
"A J-19...joli prétexte en tout cas pour mettre légalement sur écoute le directeur de campagne de MLP. Ils sont forts ces socialistes", a affirmé de son côté le vice-président du FN Florian Philippot sur Twitter.La preuve en images que l'emploi n'était pas fictif ! Honte à la justice qui informe les médias avant même l'enquête ! pic.twitter.com/b53xLbgzlK
— David Rachline (@david_rachline) 4 avril 2017
A J-19...joli prétexte en tout cas pour mettre légalement sur écoute le directeur de campagne de MLP. Ils sont forts ces socialistes https://t.co/ysGzcKfdbi
— Florian Philippot (@f_philippot) 4 avril 2017
Dans La Voix du Nord, le conseiller régional Jean-Richard Sulzer, ancien secrétaire général du groupe FN "confirme qu’il (NDLR : David Rachline)a travaillé pour nous. C’était un bon communicant, présent aux plénières. Il fournissait un travail d’analyse budgétaire. »
Interrogé, Xavier Bertrand, président (LR) de la région Hauts-de-France (née de la fusion avec la Picardie en 2015), s'est refusé à tout commentaire. Pierre de Saintignon, vice-président à la région Nord-Pas-de-Calais avant 2016, a dit n'avoir "aucune information" sur ces soupçons d'emplois fictifs. "Je n'en ai jamais entendu parler", a-t-il dit à l'AFP.