Chez TIM, près de Dunkerque, le dépit des salariés qui se disent "oubliés" de tous

"On a l'impression d'être des laissés pour compte" : les salariés de l'entreprise TIM, à Quaëdrype, qui risque d'être placée en liquidation judiciaire mercredi, se sentent abandonnés alors que près de 500 emplois directs sont en jeu.

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Devant ce site de 20 000 m2, d'où l'on aperçoit au loin le beffroi de Bergues popularisé par le film "Bienvenue chez les ch'tis", quelques pneus à moitié brûlés portent les stigmates de la grève qui avait duré deux semaines fin juin. Des drapeaux allemands - le pays de la maison-mère - français et de l'Union européenne flottent, élimés, devant l'entrée de cette société fabriquant des cabines d'engins pour le BTP, considéré encore il y a peu comme un des fleurons industriels des Flandres.

"Whirlpool ou GM& S c'est 200 salariés. Nous, nous représentons 500 emplois directs (470 précisément, ndlr) et 500 indirects et personne ne nous regarde, à part quelques médias locaux", peste Frédéric Vanstraceele, responsable Force ouvrière, du département qualité. "Il y a une entreprise qui a beaucoup moins de salariés et on en parle beaucoup plus que nous", abonde Olivier Crespin de la CGT, en allusion au conflit social à GM&S. "Ils se font montrer avec des bouteilles de gaz, ou en voulant faire exploser le site. Nous on ne l'a pas fait, on n'est pas des voyous. On a l'impression d'être oubliés", poursuit-il, dans le modeste local syndical, à l'écart des grands bâtiments où des lasers découpent habituellement les pièces pour cabines d'engin, essentiellement pour Caterpillar

Mercredi, le tribunal de commerce de Lille Métropole a renvoyé la décision au 26 juillet concernant deux offres de reprise de Fritzmeier (déjà propriétaire de l'usine) et de Fil Filipov, industriel bulgare, propriétaire de la société allemande de machines BTP Atlas. En cas de liquidation, il s'agirait du plus grand nombre d'emplois supprimés en France récemment.


"Descente aux enfers"


"L'offre de Fritzmeier est caduque, car TIM a assigné Caterpillar en justice à hauteur de 30 millions d'euros. Filipov, qui avait l'accord écrit d'une subvention de l'Etat et la région, a été débouté à nouveau car son business-plan ne tenait pas la route", résume Olivier Lamote, responsable syndical CFDT. L'espoir est donc mince chez les salariés, alors que les chaînes tournaient au ralenti en cette fin de semaine.

"Ca va être la plus grosse casse sociale en France, sans oublier les 123 camarades touchés par le Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de 2016", relève M. Lamote. D'autant que d'autres entreprises du Dunkerquois, notamment dans la métallurgie, sont à la peine. Les syndicalistes situent la dégringolade de l'entreprise au début des années 2010, avec un chiffre d'affaires passé de 172 millions d'euros en 2012 à moins de 50 millions lors du dernier exercice, selon Christophe Fournier, délégué Force ouvrière.

Parmi les explications avancées de cette "descente en enfer": la crise mondiale dans le BTP, la concurrence des pays de l'Est ou le manque d'investissements réalisés sur le site. Caterpillar pointe aussi de son côté des "défaillances en matière de qualité". Dans le hall d'entrée de cette usine fondée en 1948 et reprise par Fritzmeier en 1991, des photos de moissonneuses batteuses ou de pelleteuses, certaines datant de 1955, illustrent la splendeur passée, ainsi que des "diplômes" de Caterpillar portant la mention "Quality Certified Caterpillar supplier". "On a peur de ne pas passer l'été. Il y a l'audience de mercredi et une trésorerie qui ne permet pas d'aller au-delà du 30 juillet", prévient M. Fournier.

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