Un exosquelette prometteur contre le mal de dos testé à Lille

"Ça soulage immédiatement la colonne vertébrale!", s'émerveille Hélène Krajewski, 38 ans, qui souffre de lombalgies chroniques. Depuis deux semaines, elle teste au CHRU de Lille un dispositif encore expérimental mais prometteur pour accompagner la rééducation de son dos douloureux : un exosquelette.

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Développé par la start-up lilloise Japet, l'exosquelette Atlas, du nom du Titan porteur de la voûte céleste dans la mythologie grecque, n'a rien d'extraordinaire en apparence. Loin des carapaces futuristes pour robots humanoïdes ou militaires, il se compose d'une ceinture en textile fixée au bassin, dotée de capteurs de position et de quatre micro-moteurs électriques. Le tout pesant 1,5 kg.

En fonction des mouvements de la patiente détectés par les capteurs, les moteurs déclenchent des vérins qui poussent la partie supérieure du tronc, pour soulager la pression du poids du corps sur les disques lombaires. "On sent qu'on est libéré d'un certain poids, ça tire la colonne vertébrale. On est soulagé au niveau de ce tassement lombaire et ça aide en mouvement, on se sent plus léger", commente Mme Krajewski.


"Cela donne les avantages d'un corset, tout en évitant ses inconvénients majeurs qui sont la fonte musculaire liée à l'immobilisation", explique à l'AFP le neurochirurgien Fahed Zairi, directeur scientifique de Japet. Souvent la douleur entraîne un "cercle vicieux", ajoute M. Zairi : les patients lombalgiques ayant peur de se coincer, ils ne musclent guère leur dos et le fragilisent davantage.

Or, "Atlas a un effet sécuritaire sur mes patients, ils se sont tout de suite sentis en confiance", témoigne Emilie Canonne, enseignante en activité physique adaptée au CHRU de Lille. "C'est un plus pour la rééducation", estime-t-elle.

Selon ses concepteurs, Atlas devrait être commercialisé dès l'an prochain dans l'Union européenne. Il vise d'abord des centres de rééducation et des kinés libéraux, puis pourrait être loué directement par des patients à domicile, munis d'exercices sous la forme de "serious games" (jeux vidéos) adaptés, avec un suivi à distance par un professionnel de santé.

Cependant, son prix projeté - 5.000 euros pièce - pourrait faire hésiter les spécialistes. C'est pourquoi Japet lancera cet automne un essai clinique sur une trentaine de patients au CHRU de Lille, première étape de validation pour espérer décrocher un remboursement du dispositif par l'assurance-maladie. 

 

Qui est derrière le projet Atlas
Les cofondateurs de la start-up, Antoine Noël et Damien Bratic, deux ingénieurs âgés de 26 et 27 ans, se sont rencontrés sur les bancs de Centrale Lille en 2011. Leur passion pour la robotique médicale les a vite rapprochés.

En 2013-2014, ils mettent chacun à profit leur année de césure: Antoine Noël travaille sur le projet d'exosquelette Hercule du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), visant à aider les humains à porter de lourdes charges, puis se perfectionne en robotique au prestigieux institut technologique MIT de Boston. Damien Bratic se familiarise avec la problématique du mal de dos chronique au sein du géant américain du matériel médical Boston Scientific. Fin 2014, de retour en France, les deux amis, par ailleurs colocataires, s'associent pour fonder Japet. Le projet Atlas est né.

Après un premier financement par la banque publique Bpifrance en 2015, leur projet est repéré par SOSV, un fonds de capital-risque américain, qui envoient les deux centraliens... en Chine, dans un accélérateur de start-up à Shenzhen, pour peaufiner leur prototype en moins de trois mois.

"Tout va trois fois plus vite en Chine", se souvient Antoine Noël, fasciné. "Certains surnomment Shenzhen la Silicon Valley du hardware, parce qu'on y obtient tous les composants technologiques que l'on veut en quelques heures", renchérit Damien Bratic. Japet doit clôturer cette année une levée de fonds de 1,5 million d'euros pour préparer l'industrialisation d'Atlas, qui pourrait être adapté pour traiter les symptômes d'autres pathologies, cervicales ou neuro-musculaires.

Mais il reste beaucoup à faire d'ici là. "Il faudrait limiter le bruit des moteurs et les miniaturiser davantage pour arriver à un poids autour d'un kilo", estime Damien Bratic, s'apprêtant à repartir à Shenzhen pour apporter ces améliorations.
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