Depuis le début de l'affaire du cerf tué samedi dans une propriété privée à Lacroix Saint-Ouen, les gendarmes affirment avoir reçu l'autorisation des propriétaires pour qu'on achève la bête. Information démentie par ces derniers.
"Je n'ai pas donné mon autorisation pour qu'on tue le cerf", déclare fermement la propriétaire de la maison où a été abattu, samedi après-midi, un animal poursuivi par des chasseurs à courre."Ils m'ont appelé en m'informant qu'un cerf était bloqué dans la descente de mon garage, j'ai dit que je ne voulais pas que l'animal soit tué. Ils m'ont répondu 'de toute façon, quand les propriétaires ne sont pas là, les chasseurs ont un droit de suite'".
Je trouve ça inadmissible
Après deux coups de feu, l'animal mort pesant près de 150 kilos, a été rapidement évacué de la propriété. Encore très émue, la propriétaire assure ne pas dormir depuis l'incident. "De savoir comment ils ont traité la bête... Je trouve ça inadmissble", déclare-t-elle au téléphone.
Les chasseurs dans leur bon droit ?
Reste à savoir si les chasseurs étaient dans leur bon droit et si les gendarmes ont bien eu raison d'agir ainsi. Selon le droit français, un gibier mortellement blessé devient la propriété du chasseur, même s'il se réfugie sur une propriété privée. Et c'est parce qu'il est mortellement blessé que l'accord des propriétaires n'est pas nécessaire, selon l'Office national des forêts (ONF). D'ailleurs, toujours selon la loi (plus précisément l'article L420-3 du code de chasse), "achever un animal blessé ne constitue pas un acte de chasse".
De plus, l'arrêté municipal interdisant la chasse à courre dans la commune ne prévaut pas sur ce que prévoit le code de la chasse.
Une enquête ouverte par la vénerie
La société de vénerie, "embarrassée par cet incident rarrissime", a ouvert une enquête pour en comprendre les circonstances. "L’animal n’aurait jamais dû se retrouver sur cette propriété privée. Aurait-on dû arrêter la chasse plus tôt ?", s’interroge dans les colonnes du Parisien Pierre De Boisguilbert, secrétaire général de la Société de Vénerie .
Le cas échéant, Alain Drach, le responsable de l’équipage, sera convoqué à Paris où une sanction sera décidée.
Intervenants : Danièle Bourré (par tél), propriétaire de la maison ; Jean Desessart, Maire de la commune (LR) ; Alain Drach, Maître d'équipage de "La futaie des amis" - Equipe : PERRIER Marie-Charlotte, CROCI Jean-Louis, MAILLET Mathieu, avec des Images du Collectif AVA (Abolissons la Vènerie Aujourd'hui)