L'affaire de "la fusillade mortelle de Roye" devant les assises de la Somme mardi

Marcel Ruffet est accusé d'avoir tué à coups de fusil trois membres d'une même famille et un gendarme dans un camp de gens du voyage à Roye en 2015. L'homme, qui revendique ce coup de folie, sera jugé à partir de mardi devant la cour d'assises de la Somme.

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L'affaire remonte au lundi 25 août 2015. Il est 16h lorsque les gendarmes de la brigade de Roye, dans la Somme, entendent des tirs d'arme à feu émanant de l'aire d'accueil des gens du voyage située à proximité de leurs locaux.

Marcel Ruffet, un forain de 74 ans qui réside dans le camp, a tiré "en rage", sur des personnes issues d'une même famille et demeurant également sur l'aire d'accueil.
Premier bilan : trois morts, Michel Baumgartner, 46 ans, sa petite-fille Lovely Baumgartner, 8 mois, sa belle-fille Malaurie Baumgartner, 19 ans, et un blessé, Dawson Baumgartner, 3 ans.

Les gendarmes qui se sont rendus sur les lieux, bientôt rejoints par la police municipale, ont alors été pris à parti par Marcel Ruffet, toujours armé de son fusil et "visiblement excité et alcoolisé". Un échange de coups de feu s'en est suivi au cours duquel le gendarme Yoann Lefèvre a été blessé à un bras et le gendarme Laurent Pruvot a été mortellement touché.

Après un nouvel échange de tirs émanant de gendarmes, l'homme, avec 2,29 g d'alcool dans le sang, est finalement immobilisé, blessé à la jambe mais conscient.
Placé en garde à vue à l'hôpital, Marcel Ruffet est mis en examen et placé en détention le 28 août 2015. Il est incarcéré depuis cette date et comparaîtra à partir de mardi devant la cour d'assises de la Somme.

L'affaire suit son cours

Vingt mois après cette tuerie, le mobile de Ruffet, dédouané de toute "anomalie mentale ou psychique" selon les expertises, demeure très flou. L'enquête révèle bien des tensions avec la communauté des gens du voyage liées à une dispute remontant à juin 2014 entre Baumgaertner et Ruffet, mais les causes sont indéterminées.
Seul un point de discorde concret est soulevé par l'instruction: les branchements à l'eau et à l'électricité. Ainsi, ce 25 août, c'est lorsqu'il remarque que Baumgaertner a retiré son branchement pour y mettre le sien, que, furieux, il serait remonté dans sa caravane chercher son fusil.
"Ces gens-là" étaient de la "pourriture", de la "racaille", dira Ruffet aux enquêteurs, ajoutant être content d'avoir "crevé" ces "parasites".

"Tout l'enjeu de l'audience sera de comprendre ce qui a pu amener Ruffet à commettre ces faits. Elle ne sera jamais en proportion de la gravité de ce qu'il a fait, mais il y a forcément une raison", estime Me Guillaume Demarcq, avocat de l'accusé.

Qui est Ruffet ?

"Il est dans la revendication provocatrice, Ruffet a un mépris de la nature humaine. La gamine, il l'a descendue dans son lit papillon, à bout portant !", s'emporte l'avocat de la famille décimée, Jérôme Crépin.
Lors de l'instruction, Ruffet répète qu'il ne "regrette rien" sauf "pour le gendarme", affirmant qu'il ne savait pas qu'il en était un.
"Il était certes très imbibé d'alcool, mais très conscient de ce qu'il faisait. Les gendarmes étaient en uniforme, avec leurs véhicules sérigraphiés, ils ont fait des sommations (...) S'il regrette, pourquoi l'a-t-il tué ?", lance Ludovic De Villele, avocat de la famille de Laurent Pruvot.

Dans l'aire d'accueil communale où vivait depuis plusieurs années une quarantaine de gens du voyages semi-sédentarisés dans des caravanes, l'ambiance était décrite comme "bonne" et Ruffet comme une personne ne posant pas de difficultés. Huitième d'une fratrie de treize, il a grandi dans une famille de forains en Picardie où il est allé à l'école jusqu'à "12-14 ans". Il a eu quatre enfants, dont l'un décédé dans un accident de voiture en 2008.
Son ex-épouse décrit un homme "autoritaire", ses enfants une personne "alcoolique", "très violente", sa fille parlant même d'un "monstre". Des proches évoquent aussi un homme "solitaire", passionné de chasse et de pêche, qui avait des "coups de sang", mais qui était également "droit" et "courageux".

Cette tuerie avait débouché sur le blocage de l'autoroute A1 par des gens du voyage de Roye, au plus fort des retours de congés fin août 2015. Ils exigeaient la remise en liberté du fils d'une victime ainsi qu'un proche, le temps d'assister aux funérailles.

Dix des auteurs du blocage avaient été condamnés en février 2016 à des peines allant de quatre à 18 mois ferme.
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