Le procès des pro et anti-corrida de Rodilhan s'ouvre à Nîmes ce jeudi

Un procès sous haute tension s'ouvre à Nîmes, où 18 aficionados seront jugés  pour des violences contre des militants anti-corrida en 2011 dans les arènes de Rodilhan, dans le Gard. Le président du Comité radicalement anti-corrida est aussi pour avoir organisé une manifestation non autorisée.

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Au tribunal correctionnel de Nîmes, 18 aficionados seront entendus jeudi pour des violences contre des militants anti-corrida en 2011 dans les arènes gardoises de Rodilhan. Jean-Pierre Garrigues, président du Comité radicalement anti-corrida (Crac) est également poursuivi en tant qu'organisateur d'une manifestation non autorisée.

Plus de quatre ans après les faits, le tribunal de Nîmes se penche sur les violents incidents qui avaient opposés partisans et opposants à la corrida dans les arènes de Rodilhan en 2011. Reportga d'Eric Félix et Valérie Banabera

Défendu par le ténor du barreau Jean-Robert Phung, il sera absent pour raison de santé, a fait savoir son association. Une quarantaine de victimes de violences ont été convoquées pour ce procès qui se tiendra exceptionnellement jusqu'à vendredi dans la salle des assises, tout près des arènes de Nîmes, que les anti-corrida considèrent comme un "chaudron de la torture".

Injures et coups

Le 8 octobre 2011, des dizaines de militants anti-corrida montent une opération pour empêcher la tenue de la finale de "Graine de toreros" dans les arènes du village de Rodilhan, à 6 km à l'est de Nîmes. Un groupe présent dans les gradins déploie des banderoles "Corrida=torture", "Corrida=barbarie" sous des huées. Profitant de la confusion, environ 70 autres activistes sautent sur la piste: selon un scénario soigneusement répété, ils se placent à genoux en cercle au centre des arènes, s'enchaînent rapidement au niveau de la taille et déclenchent des fumigènes rouge-sang. Avant de scander "abolition !", le poing levé. Ou encore, "la torture n'est pas notre culture !" Les aficionados répondent en hurlant "liberté !"

Selon les vidéos postées sur internet par les anti-corrida, devant l'impossibilité d'évacuer les militants enchaînés, certains esprits s'échauffent. Injures et coups pleuvent sur des activistes incapables de se défendre, car à terre et entravés.

"On nous frappe la tête et le dos avec poings et pieds", raconte un militant présent. "On nous enfonce les doigts dans les yeux, on nous traîne sur le sol par les cheveux, on nous arrose au jet d'eau à bout portant. Les femmes subissent des attouchements sexuels humiliants, certaines sont déshabillées" et "rouées de coups". Des aficionados furieux finissent par briser certaines des chaînes et les anti-corrida sont brutalement traînés vers le toril, souvent par grappe de cinq à six personnes enchaînées.

70 plaintes

Les vidéos, qui ont servi à identifier les agresseurs, montrent notamment un homme en veste bleue qui lance un violent coup de pied dans la tête d'un "anti", alors que ce dernier est à terre, traîné par les pieds. Quelque 70 personnes portent plainte, notamment pour "coups et blessures" et "violences en réunion".

Et Rodilhan devient un épisode emblématique de la lutte acharnée que se livrent pro et anti-corrida. "Seulement une partie des plaintes et des agressions ont été retenues à l'issue d'une procédure qui a duré quatre ans", déplore pourtant Roger Lahana, vice-président du Crac.


Jean-Paul Fournier présent 

L'association dont le siège est à Alès (Gard), a mené ces dernières années sur les réseaux sociaux une campagne contre le "déni de justice", assurant que la date du procès de Rodilhan avait tardé à être fixée pour des raisons politiques. Des activistes du Crac insistent sur la présence pendant le "lynchage" du sénateur-maire (Les Républicains) de Nîmes Jean-Paul Fournier. Comme d'autres partisans des courses de taureaux avec mise à mort, autorisées dans onze départements du sud de la France, M. Fournier n'hésite pas à qualifier les "anti" de "terroristes".

Parmi les 18 aficionados, défendus par un quatuor d'avocats (Emmanuel Durand, Ludovic Para, Hugo Ferri, Guy Laïck), figure le maire de Rodilhan Serge Reder (sans étiquette). Dans ce village de 2.500 habitants, les visages se ferment à l'évocation du procès.

"Ca va encore salir l'image de Rodilhan, alors que c'est les anti qui nous provoquent", déplore une femme, en refermant vivement sa porte. "Ces salauds d'anti-corrida nous ont tendu un sacré piège et ils ne nous lâchent plus depuis", soupire un sexagénaire. 

Jeudi, les deux camps ont prévu des rassemblements concurrents à l'extérieur du tribunal dès le matin, ce qui laisse présager un face-à-face tendu.
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