La société d'HLM LogiEst, basée à Metz, est sous le coup d'une enquête préliminaire du parquet. Des cadres auraient accepté de surpayer des terrains ou des travaux, pour se partager les gains avec les bénéficiaires. Trois salariés ont été licenciés ou suspendus par la direction, qui a porté plainte.
Ce n'est pas le proprio du coin de la rue. LogiEst est un des plus gros acteurs du logement social dans l'Est. Implanté pour l'essentiel en Moselle et en
Alsace, il gère un parc de plus de 15.000 logements (voir carte). Un parc qui ne cesse de s'étoffer : la société mène, en propre ou en partenariat, des projets immobiliers dans toute la région. Son programme d'investissement sur 8 ans (2010-2018) atteint 460 millions d'euros.
On cite tel terrain, acheté 100.000 euros par un quidam, qui l'a revendu 600.000 euros à LogiEst, alors qu'il était... inconstructible ! Il est également question de travaux surfacturés, voire carrément fictifs, ou d'entreprises très régulièrement "servies" dans les attributions de marchés.
Des lampistes ?
C'est la CGT qui a levé le lièvre : elle est récemment entrée au conseil d'administration de LogiEst , en tant que représentant des locataires, via sa branche "consommateurs". Denis Pesce, secrétaire général du syndicat en Moselle, n'imagine pas que les trois salariés désignés par la direction soient les seuls à avoir mis la main dans le pot de confiture. Il cite tel concessionnaire automobile, membre du Conseil d'administration... et fournisseur exclusif des véhicules de la société (270 salariés)...Les avocats des trois salariés sanctionnés sont sur la même longueur d'onde : ils dénoncent un système "vérolé", un copinage généralisé ; l'un d'eux demande au préfet la mise sous tutelle de l'entreprise.
Après la CGT, la direction de LogiEst vient de déposer plainte auprès du procureur de la République de Metz. Les langues se délient, et on peut parier que les enquêteurs ne sont pas au bout de leurs surprises.
Des précisions dans le reportage de Séverine Dangin et Emmanuel André :
Avec la réaction de Maître Renaud Bettcher, avocat d'un mis en cause, et Denis Pesce, CGT Moselle
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©F3 Metz