3 ans après les tueries de Merah, 2 mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l'hypercasher et au lendemain de la fusillade à Tunis, la charte de la fraternité a été signée à Toulouse après de nombreuses réunions entre les différentes communautés. Un texte à la symbolique très forte.
Au lendemain des tueries perpétrées par Mohamed Merah, l'Etat demandait aux représentants des différents cultes de travailler à la rédaction d'un texte qui deviendra une charte de la fraternité., Trois ans plus tard après de nombreuses réunions, le texte a été officiellement signé à la préfecture àToulouse par les représentants de 6 grandes religions, en présence de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur et de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale. Peu après a eu lieu l'hommage aux victimes de Merah à la halle aux grains.
Que contient le texte ?
La Charte de la fraternité réaffirme l'attachement des différentes religions et communautés aux valeurs de la République et notamment à la laïcité. Il réfute la récupération de la religion pour justifier la violence et les crimes extrémistes. La charte présentée par les représentants toulousains des religions catholique, musulmane, juive, protestante, anglicane et bouddhiste vise à "promouvoir les rapprochements entre les hommes de toutes religions et cultures"."Nous refusions toute forme de violence quelle qu'en soit la justification", soulignent les signataires, en rappelant haut et fort "la confiance que nous accordons aux valeurs républicaines qui constituent les fondements de notre société démocratique: liberté, égalité, fraternité".
Dénonçant toute forme de violence, la charte de la fraternité s'attache à lutter contre le racisme, l'intolérance, l'exclusion, la discrimination, quelle que soit les formes qu'ils prennent. Symbole de paix, la charte veut rapprocher les communautés et rappeler que toute vie est sacrée. Les représentants des 6 religions se disent "attachés au principe de laïcité ... qui permet à chacun de choisir et pratiquer une religion ou non dans le respect du bien commun".
"Les entrepreneurs de la violence ... sont les ennemis de la religion. Ils la déshonorent et trahissent ses valeurs", poursuit la charte.
Un symbole fort
La Charte de la fraternité est un texte de principe certes mais elle porte un symbolique extrêmement forte.En premier lieu parce qu'elle a été élaborée et signée à Toulouse, là même où en 2012, Mohamed Merah commettait 7 assassinats au nom d'un extrémisme religieux qui choqua toutes les communautés. Elle veut montrer notamment que ces actes odieux ne diviseront pas les communautés et qu'aucun amalgame ne doit être fait entre la violence portée par Merah et les valeurs religieuses notamment du culte musulman.
En second lieu par le moment et le contexte dans lequel la Charte de la Fraternité est signée. Trois ans exactement après la tueries de l'école Ohr Torah, le texte est rendu public au lendemain de l'attentat du musée du Bardo à Tunis, deux mois et demi après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher à Paris. Après également les attentats de Copenhague, Bamako, Sydney, Ottawa
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve salue la Charte de la fraternité
"Cette charte est une magnifique occasion de tracer un chemin", a souligné Bernard Cazeneuve en ajoutant : "C'est notre projet commun, c'est par la République qu'on combattra la haine. Elle doit être forte dans ses valeurs, toujours debout".Avec les signataires, le ministre a estimé que "ce qui conduit les religions à être dévoyées, c'est l'ignorance des messages qu'elles portent". En écho à ce désir de connaissance, M. Cazeneuve et la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, se sont réjouis du lancement prévu à la rentrée de septembre d'un diplôme universitaire "droit et religions" à l'Université de Toulouse-Capitole.
"C'est une bonne chose que l'université offre une telle prestation à tous, non seulement les futurs ministres du culte mais aussi les présidents d'associations, les aumôniers, les agents des collectivités", a-t-elle dit. La ministre a indiqué que sept cursus existaient actullement en France et a ajouté :
"Nous comptons doubler leur nombre en France d'ici la fin 2015".
AFP le 19/03/2015 19:27:08