Toulouse a honoré ce jeudi avec ferveur les personnes que Mohamed Merah a assassinées il y a trois ans à Toulouse et Montauban, et l'hommage s'est mué en une mobilisation contre l'obscurantisme, face à la multiplication des attentats des derniers mois, de Paris à Tunis.
Lors du rassemblement de près de deux mille personnes en soirée à la Halle au grains de Toulouse, la présidente régionale du Crif (Conseil
représentatif des institutions juives de France), Nicole Yardeni a souligné que cette journée portait un message de "mobilisation contre l'obscurantisme"
"On nous disait Mohamed Merah est un loup solitaire, mais l'Histoire nous a donné raison : il était le tenant d'une idéologie mortifère, qui porte la négation même de l'idée de culture", a-t-elle ajouté. "Face à cette obscurité je suis fière d'avoir vu la République se lever le 11 janvier", a-t-elle lancé à l'unisson avec le président de la communauté juive toulousaine Arié Bensemhoun. "C'est la guerre de la barbarie contre la civilisation", a ajouté M. Bensemhoun, tandis que le maire de Toulouse, Jean Luc-Moudenc, en appelait, face aux "répliques sismiques" des meurtres de Merah, à lutter contre le "nazislamisme", une formule chère à Bernard Henri-Levy.
Myriam,mère d'élève, à l'issue de la cérémonie organisée à l'école juive Ozar Hatorah (rebaptisée Ohr Torah) en hommage aux trois enfants juifs et au père de deux d'entre eux, tués par Merah le 19 mars 2012.
Ils sont la mort, nous sommes la vie; ils sont la nuit, nous sommes le jour; nous continuons debout, fiers de vivre en France, d'être républicains, juifs, démocrates
Mohamed Merah, un jeune délinquant toulousain de 23 ans, s'était lancé dans une série d'attentats jihadistes. Il avait successivement tué trois militaires dont deux musulmans, le 11 mars 2012 à Toulouse puis à Montauban le 15, avant d'attaquer l'école juive à l'heure de la rentrée, le 19 mars.
Le combat passe par l'école
La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, et le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avaient apporté leur pierre à la lutte contre l'obscurantisme dans l'après-midi d'abord dans une école de la région toulousaine au côté de Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime de Merah, venue justement "faire passer le message du vivre ensemble" auprès de 25 élèves de CM2.Les deux ministres avaient ensuite signé à la préfecture une "Charte de la fraternité", paraphée par les représentants toulousains de six grandes religions. "Cette charte est une magnifique occasion de tracer un chemin", a souligné Bernard Cazeneuve en ajoutant : "c'est notre projet commun, c'est par la République qu'on combattra la haine. Elle doit être forte dans ses valeurs, toujours debout".
Lors du rassemblement nocturne, auquel participait aussi l'ambassadeur d'Israël, Bernard Cazeneuve a réaffirmé l'attachement de la République aux Juifs de France tout comme l'ancien chef de l'Etat et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Les deux responsables politiques ont à quelques minutes d'intervalle conjuré les Juifs de ne pas quitter le pays pour trouver plus de sécurité ailleurs, particulièrement en Israël. "Vous appartenez à l'Histoire de la France, ses malheurs, son miracle : la France ne serait pas la France sans la présence du judaïsme et des Juifs de France", a déclaré M. Sarkozy.
Comme en écho, le ministre de l'Intérieur a lancé : "La France a besoin de tous ses enfants et elle a besoin des Juifs de France (...) elle sait parfaitement que si vous deviez quitter ses bras la France ne serait plus la France".
Au-delà des victimes de Merah, a souligné la représentante du Crif, l'hommage a concerné "toutes les victimes du terrorisme jihadiste". L'écrivain Bernard Henri-Levy est intervenu en clôture de la cérémonie sur l'antisémitisme moderne.